Le 21 mars est la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Cette journée permet de souligner l’anniversaire du massacre, en 1960, de 69 manifestants pacifiques noirs à Sharpeville (Afrique du Sud) par le régime de l’apartheid.

Son importance contemporaine au Canada est soulignée par la lutte de la nation Wet’sutwet’en pour défendre ses territoires traditionnels contre la violence étatique. Leur lutte nous rappelle que la discrimination raciale et la xénophobie ne sont pas des reliques d’une époque révolue. Le génocide et l’élimination des peuples autochtones, ainsi que l’asservissement et l’emprisonnement des Noirs sont des fondements qui forment la base du Canada en tant qu’État colonial, des fondements qui doivent être reconnus avant de pouvoir être éliminés.

Et alors que nous sommes confrontés à la pandémie actuelle de COVID-19, les travailleurs migrants et les travailleurs racisés en général sont affectés de façon disproportionnée par les réponses inadéquates de nos gouvernements. Bien que le gouvernement fédéral ait ajusté les règles pour les prestations de l’assurance-emploi, les travailleurs migrants n’auront pas droit aux bonifications, eux qui sont exclus de ces prestations malgré le fait qu’ils cotisent à l’AE.

En Ontario, de nombreuses personnes croient que la bataille contre le racisme a été remportée. Toutefois, un rapport de 2018 de la Commission ontarienne des droits de la personne a conclu que les Noirs sont « largement surreprésentés » dans les incidents où les policiers ont usé de force entraînant une blessure ou la mort. La justice est incapable de régler le cas de centaines de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées et l’enquête nationale attendue depuis longtemps sur leur disparition a subi une mauvaise gestion flagrante. Selon Statistique Canada, les crimes motivés par la haine raciale ont atteint un niveau record en 2017.

Les conservateurs de Doug Ford mettent cruellement en œuvre un programme d’austérité et refusent d’imposer les riches – des politiques qui ont des conséquences disproportionnées sur les personnes racisées. Ils ont coupé le financement de la Direction générale de l’action contre le racisme et le premier ministre a affirmé qu’un « certain fichage est nécessaire ». Les conservateurs ont réduit le financement des programmes qui aident les jeunes à risque de millions de dollars. Ils ont fait marche arrière sur des réformes du travail clés en vertu du projet de loi 148, dont l’annulation du salaire minimum à 15 $ de l’heure, ce qui affecte les travailleurs racisés de façon disproportionnée.

Les travailleurs racisés continuent d’être surreprésentés dans les emplois précaires, temporaires et à bas salaire. Ils sont moins susceptibles d’avoir des avantages sociaux, des pensions au travail ou des congés de maladie payés. Les travailleurs racisés gagnent 26 % de moins que les personnes non racisées et les femmes racisées sont confrontées à un écart de revenu de 47 % comparativement aux hommes non racisés. L’écart de revenu entre les Autochtones et les non-Autochtones est de 33 %, tandis qu’un écart de revenu de 45 % persiste entre les femmes autochtones et les hommes non-autochtones. Les communautés racisées continuent d’être confrontées à des niveaux de pauvreté et d’incarcération élevés, ainsi qu’à un manque d’ascension sociale.

Ces faits soulignent la nécessité d’avoir une compréhension intersectionnelle des obstacles à l’égalité raciale, une action concertée et autoréflective par le mouvement syndical et des mesures ambitieuses pour honorer la promesse du Canada d’une société multiculturelle.

Nous sommes fiers que bon nombre de nos membres soient racisés et que nos membres soient enrichis et guidés par la profonde compréhension que les luttes syndicales et les luttes contre le racisme sont une seule et même chose.

Le SCFP-Ontario lutte pour des normes d’équité en matière d’emploi musclées afin de corriger les inégalités au travail auxquelles les personnes racisées sont confrontées, comme des augmentations du salaire minimum, un salaire égal pour les travailleurs à temps partiel, temporaires, occasionnels et saisonniers qui font le même travail que les travailleurs à temps plein, et un salaire égal pour les travailleurs des agences de placement temporaire qui font le même travail que les travailleurs permanents. Nous demandons le rétablissement immédiat de la Direction générale de l’action contre le racisme et une interdiction générale de toutes les formes de fichage à chaque ordre de gouvernement. Et les membres du SCFP continueront de contester les politiciens racistes et anti-immigrants au sein de nos collectivités.

Les membres du SCFP sont également conscients des manques de notre propre syndicat. Les membres racisés du SCFP ont souvent été victimes de discrimination au sein de notre mouvement – que ce soit la haine, la discrimination dans l’embauche, un manque de postes de direction et de postes de membres du personnel du SCFP, ou le mépris de leurs problèmes et préoccupations.

Le Comité de la justice raciale du SCFP-Ontario est résolu à obtenir la justice raciale, l’inclusion et l’égalité au travail et au sein de nos collectivités. Son mandat consiste à lutter pour l’équité, y compris la lutte contre le racisme et toutes les formes d’oppression, au nom des membres racisés du SCFP. Le Comité établit également des relations avec des organisations communautaires et des coalitions, entre autres en assurant une présence à des événements culturels comme le Carnaval antillais.

Notre Congrès de 2018 a ordonné la création d’un plan d’action organisationnel contre le racisme et d’une campagne exhaustive pour contrer la montée de la haine et de la suprématie blanche en Ontario. Ceux-ci revêtent un double volet dans notre effort pour nous attaquer au racisme dans nos lieux de travail, au sein de nos collectivités et au sein de notre syndicat.

En cette Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, nous devons nous rappeler que la lutte contre le racisme n’est pas terminée. Les membres du SCFP sont prêts à faire tomber les barrières à l’égalité raciale, autour de nous et en nous.