Chaque année, le 1er juin, les travailleurs blessés et leurs alliés se réunissent à Queen’s Park pour la Journée des travailleurs blessés afin de célébrer un passé de résistance et de se réengager collectivement à lutter pour des améliorations grandement nécessaires. Pour la première fois depuis 1983, nous ne pourrons pas le faire – mais pas parce que les problèmes que nous soulevons ont été réglés.

Cette crise sanitaire et politique sans précédent a, en fait, aggravé les préoccupations et les défis que les travailleurs blessés et leurs alliés mettent en évidence depuis longtemps. De plus, bien qu’il soit vrai que la pandémie n’a pas créé les problèmes avec notre système de santé et de sécurité et notre système d’indemnisation, elle les expose chaque jour et compromet notre capacité à faire face à cette période sans précédent.

Au fil des ans, le gouvernement de l’Ontario a réduit le nombre d’inspections sanitaires et de sécurité dans nos lieux de travail, exposant inutilement les travailleurs à des risques, visibles et invisibles. Les conservateurs de Doug Ford ont, plus précisément, supprimé les congés de maladie payés juste après avoir formé le gouvernement, forçant les travailleurs à choisir entre un chèque de paye et leur santé et sécurité à eux et celles de leurs collectivités. Les conservateurs ont mis en suspens les inspections en milieu de travail aux quatre coins de la province et ignoré les avertissements que nous avons émis au sujet de l’état des lieux de travail, comme nos foyers de soins de longue durée.

Aujourd’hui, en pleine pandémie qui a des conséquences disproportionnées sur les travailleurs de première ligne et les Ontariens qui dépendent des services qu’ils offrent, les paroles du premier ministre Doug Ford sonnent creuses. Bien qu’il ait déclaré qu’il « remuerait ciel et terre » pour protéger nos collectivités, son gouvernement n’a pas fourni à tous les travailleurs de première ligne l’EPI dont ils ont besoin. Et des changements constants à la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) ont fait en sorte qu’il est plus difficile pour les travailleurs blessés d’avoir accès aux prestations qu’ils ont tous les droits de recevoir.

Mais il y a des signes d’espoir dans cette crise. L’opinion publique a changé. Les gens se sont ouverts les yeux face aux dures réalités que vivent tant d’Ontariens – et particulièrement ceux qui tombent malades ou se blessent au travail. Il est maintenant largement reconnu que nous ne pouvons pas permettre au gouvernement de continuer à mettre les travailleurs en danger et à se traîner les pieds quand il est temps d’agir.

Cela nous donne à tous une occasion que nous ne pouvons pas laisser échapper.

Nous devons continuer d’exercer des pressions sur le gouvernement provincial pour qu’il assure la santé et la sécurité des travailleurs de première ligne – les travailleurs de première ligne qu’il appelle à juste titre nos « héros ».

Nous devons pouvoir utiliser pleinement le droit de refuser un travail dangereux, particulièrement pendant une pandémie. C’est pourquoi le SCFP-Ontario se joint à d’autres pour demander davantage de protections au ministre du Travail de la province.

Et, lorsque des travailleurs tombent malades ou se blessent au travail, des soutiens complets doivent être fournis immédiatement.

Nous avons besoin de journées de maladie payées, quelque chose que nous sommes fiers de dire qu’une vaste coalition de groupes demande.

Nous avons besoin de changements à la Loi sur la sécurité professionnelle et l’assurance contre les accidents du travail afin que si un travailleur contracte le virus, il soit entendu que c’est dû à la nature de son travail.

Et, en suivant l’exemple du Ontario Compensation Employees Union (Syndicat des employés de l’indemnisation de l’Ontario), membres de la section locale 1750 du SCFP, nous devons étendre la couverture de la CSPAAT à près de 1,7 million de travailleurs en Ontario qui sont présentement exclus.

Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses actions immédiates dont nous avons besoin dans cette province. Et je sais qu’avec un changement continu de la compréhension du public, par l’entremise d’un action collective aboutissant en pressions politiques, nous pouvons le faire – et plus – ensemble.

En cette Journée des travailleurs blessés, et tous les jours, nos collectivités ne méritent rien de moins.

Fred Hahn, président

Candace Rennick, secrétaire-trésorière