Face aux nouvelles provenant des États-Unis que la décision dans Roe c. Wade pourrait être infirmée, le SCFP-Ontario transmet un message de solidarité aux alliés scandalisés et apeurés au sud de la frontière.

Nous savons qu’une telle décision mettra inutilement en danger la vie de tant de personnes, alors qu’une analyse (en anglais seulement) récente met en garde qu’une interdiction totale de l’avortement aux États-Unis augmenterait les décès liés à une grossesse de 21 %. Nous savons que cela aura des conséquences disproportionnées sur les personnes noires, autochtones, racisées et à faible revenu par-dessus tout. Nous savons que c’est le moment d’affirmer haut et fort que « l’avortement est une question de santé » et que « vous ne pouvez pas interdire l’avortement – vous pouvez uniquement interdire les avortements dangereux ».

Et nous savons également que notre solidarité est enracinée dans une lutte commune – la lutte pour la justice reproductive qui traverse les frontières, peu importe cependant à quel point nous pouvons penser que les choses sont différentes ici.

Bien que l’avortement soit légal au Canada depuis 1988, il n’a jamais été équitablement et entièrement accessible. La plupart des services d’avortement sont concentrés dans les villes et l’Ontario ne compte que quatre cliniques rurales qui offrent ces services essentiels. Certaines cliniques ou certains hôpitaux ont des limites quant au nombre de mois où il est possible faire un avortement au cours d’une grossesse, obligeant les patientes, particulièrement dans les régions rurales, à prendre se rendre dans des cliniques urbaines, un trajet long et coûteux.

Dans certaines parties du pays, vous devez payer de votre poche pour subir un avortement, une violation de la Loi canadienne sur la santé. Et dans d’autres, en raison de la stigmatisation et du manque de financement, les pilules abortives ne sont pas prescrites.

Aujourd’hui, nous n’avons pas perdu de vue dans le cadre de ces élections provinciales, qui battent maintenant leur plein, que parmi les candidats conservateurs de Doug Ford, huit sont pro-vie.

Au lieu de nous assurer que l’Ontario ne suivra pas l’exemple des provinces qui ne financent pas les avortements dans les cliniques privées, forçant de nombreuses personnes à faire des choix impossibles, les conservateurs de Doug Ford ont évité des questions importantes.

Au lieu de s’engager à assurer un accès sécuritaire à l’avortement dans les régions rurales, Doug Ford a dit ceci : « Nous ne changeons rien en Ontario. Les choses resteront exactement les mêmes. »

Le statu quo ne suffit pas. Ça ne suffit pas parce que le plein accès à un avortement sécuritaire n’a jamais été une réalité ici au Canada. Et ça ne suffit pas parce que, avec l’érosion rapide des droits liés à la procréation aux États-Unis, rester immobile des deux côtés de la frontière pourrait signifier une perte de terrain.