Le plan du gouvernement Ford visant à embaucher de façon permanente du personnel peu qualifié pour remplacer les préposé(e)s aux services de soutien à la personne (PSSP) qui prennent soin des résident(e)s en soins de longue durée de plus en plus vulnérables de l’Ontario comporte de nombreux risques, affirme le SCFP. Le syndicat réclame au contraire une stratégie solide en matière de ressources humaines dans le secteur de la santé pour recruter les dizaines de milliers de préposé(e)s aux services de soutien à la personne (article en anglais seulement) dont ce secteur a besoin.
Le gouvernement a proposé une modification d’un règlement (246/22) en vertu de la Loi sur le redressement des soins de longue durée, qui rendra permanents les changements temporaires apportés au plus fort de la pandémie. En 2020, le gouvernement avait temporairement permis aux établissements de soins de longue durée de remplacer les PSSP par des aides-résident(e)s en soins pour fournir des soins aux résident(e)s ayant des besoins moins complexes, et il avait promis qu’il ne remplacerait pas les PSSP.
“Les résident(e)s des établissements de soins de longue durée sont de plus en plus fragiles et vulnérables, et leurs besoins sont très complexes. Leurs soins doivent être prodigués par une équipe de personnel hautement qualifié », a déclaré Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP). « Le remplacement permanent des préposé(e)s aux services de soutien à la personne par du personnel qui a moins de formation sera néfaste pour les résident(e)s et aggravera la crise du personnel.”
Michael Hurley a souligné le fait que 81 % des résident(e)s des établissements de soins de longue durée souffrent d’un certain degré de déficience cognitive. Citant la recherche sur les niveaux alarmants de violence dans les établissements de soins de longue durée, Michael Hurley a déclaré que la prédominance de la démence, des maladies mentales complexes et des troubles neurologiques augmente le risque que les résident(e)s réagissent ou adoptent un comportement agressif, ce qui nécessite des soins de la part d’un personnel hautement qualifié pour assurer la sécurité des résident(e)s et du personnel.
Charlene Van Dyke, préposée à l’entretien ménager en hôpital et vice-présidente du comité des travailleuses et travailleurs de la santé du SCFP, a déclaré que le recours à des aides-résident(e)s en soins ne doit pas être autre chose qu’une mesure provisoire jusqu’à ce que la crise de dotation des PSSP se résorbe.
“On a besoin d’un plan de dotation en trois étapes : former une nouvelle génération de PSSP, améliorer la rémunération pour mettre fin à la démission des PSSP et offrir de la formation aux aides-résident(e)s en soins afin d’améliorer leurs qualifications et que ces personnes deviennent des PSSP “, a-t-elle dit.
“Le plan de dotation du gouvernement est complètement inadéquat, et c’est pourquoi on constate un taux de départs élevé parmi les PSSP. Les personnes qui effectuent ce travail, en majorité des femmes, sont épuisées en raison de la lourdeur de la charge de travail et de la prédominance du travail à temps partiel et des bas salaires. Comment le remplacement permanent de ces travailleuses par du personnel moins bien formé et moins bien rémunéré est-il censé apporter un avantage? C’est une idée complètement déconnectée de la réalité. Et l’on peut se demander si l’objectif n’est pas de diminuer les dépenses pour les employeurs du secteur, qui recherchent le profit et entretiennent des liens étroits avec les conservateurs de l’Ontario.”
Pam Heyer travaille comme PSSP dans la région de Peel depuis 2004. Selon elle, le gouvernement conservateur doit élaborer un plan pour augmenter les salaires et prendre des mesures pour créer de meilleures conditions de travail afin de garder les PSSP dans les établissements de soins de longue durée.
“Si l’on veut régler la crise du personnel, il faut dès maintenant offrir des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail aux PSSP. On mérite une rémunération équitable et respectueuse du travail incroyable qu’on accomplit chaque jour. On est beaucoup à éprouver de la difficulté à joindre les deux bouts, à payer les factures et à acheter de la nourriture. Plusieurs ont deux ou trois emplois pour joindre les deux bouts”, a déclaré Pam Heyer.