Mississauga (Ontario) – Le mardi 6 décembre, quelques semaines seulement avant les vacances de Noël, les répartitrices et répartiteurs d’urgence œuvrant pour la Ville de Mississauga et membres de la section locale 66 ont appris leur mise à pied immédiate, un sous-traitant ayant repris leurs fonctions le jour même.

« On ne s’y attendait pas du tout, surtout que nous avions reçu des commentaires élogieux en août », raconte Alana Cahill*, l’une des quinze répartitrices. « Mardi, la direction nous a informés, très bêtement, que nous n’avions plus de travail. Tout le monde était estomaqué. Aucun avertissement. »

Le personnel de l’unité de répartition d’urgence, qui œuvre sous l’autorité du service des transports et des travaux publics de la ville, répondait aux appels hautement prioritaires acheminés via le 311 et coordonnait la réponse du personnel de terrain à toute une gamme de situations urgentes allant de la présence d’animaux menaçant dans les parcs publics aux obstructions sur les rues et les routes mettant en danger les piétons et les automobilistes.

Ces gens répondaient aussi aux appels directs des conseillères et conseillers municipaux pour traiter les plaintes des commettantes et commettants concernant la réparation des infrastructures, les services animaliers et le contrôle du stationnement.

« Nous composons avec toutes sortes de situations difficiles, explique Alana. Nous comptons sur notre expérience et notre formation pour fournir aux gens de Mississauga l’aide dont ils ont besoin. Par exemple, des gens nous ont appelés parce qu’ils étaient encerclés par des coyotes dans un parc. Une femme hurlait au téléphone. Mon collègue a dû lui expliquer quoi faire pas à pas, les mettre en sécurité elle et son chien, jusqu’à l’arrivée des services animaliers. »

Les employés licenciés, majoritairement des femmes, trouvent la nouvelle particulièrement difficile à encaisser parce qu’elles se faisaient un point d’honneur d’offrir un service exceptionnel. D’ailleurs, on les complimentait régulièrement.

En outre, ces ex-employées et employés remettent en question la compétence d’Alliance inc., une entreprise opérant à partir de Kingston, en Ontario, pour offrir un service équivalent à ce qu’ils donnaient à la population de Mississauga.

Alana voit en ses collègues et elle des gens hautement qualifiés qui comptaient sur leur connaissance de la ville, leur compassion et leur expérience pour servir les résidents et résidentes. Le simple fait de sous-traiter leurs emplois à un tout nouveau groupe de personnes qui ne connaissent pas le contexte local aggraverait la qualité du service.

« On ne peut pas faire ce travail facilement en commençant sans pouvoir s’appuyer sur des collègues expérimentés, dit-elle. Et si ces gens ne vivent pas à Mississauga, se donneront-ils autant pour nos citoyens et citoyennes ? »

Deborah Foster *, une autre répartitrice, estime qu’une partie de son rôle et de celui de ses collègues consistait à garder le contact avec les membres du personnel de terrain qui répondaient aux urgences, à suivre leur position GPS et à garder le contact radio pour assurer leur sécurité. Mais elle croit que le personnel de l’entrepreneur ne possède pas l’équipement nécessaire pour faire cela, ce qui compromettrait la sécurité du personnel.

Dans un bref discours au personnel mardi dernier, la direction a justifié sa « décision d’affaires » de sous-traiter ces emplois par le fait que vingt quarts de travail de nuit n’avaient pas été comblés au cours de l’année écoulée.

Selon Deborah, la direction est seule responsable des erreurs de planification, car celle-ci avait refusé de créer davantage de postes permanents pour couvrir les quarts 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

« Leur raisonnement est absurde, lance-t-elle. Ils voulaient manifestement diminuer les coûts, comme en témoigne le fait que seule une personne sur quinze avait un poste permanent à temps plein. »

Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, qualifie de « honteuse » la décision de la Ville de Mississauga de licencier ces gens quelques semaines seulement avant les Fêtes. Il exhorte le conseil municipal à intervenir.

« C’est une façon épouvantable de fournir des services publics, déplore-t-il. Au lieu de consulter les employées et employés pour trouver une solution gagnante pour tout le monde, la direction a pris la décision scandaleuse de les congédier pour sous-traiter leurs emplois. Ils sont dévoués, ils ont fait preuve d’un grand engagement envers leurs concitoyens et concitoyennes. Les traiter de la sorte, c’est inqualifiable. »

Les services publics sont plus efficaces et rentables lorsqu’ils sont fournis publiquement, ajoute-t-il. La sous-traitance à une entreprise privée qui cherche à maximiser ses profits vient détériorer les conditions de travail et saper la qualité des services.

*Alana Cahill et Deborah Foster sont des pseudonymes pour protéger l’identité des travailleuses et les protéger de possibles répercussions.

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