Le gouvernement de l’Ontario offre de doubler les paiements des prestations de maladie fédérales à 1 000 $ par semaine pour les travailleurs de la province en pleine pandémie mondiale de la COVID-19 – si Ottawa accepte d’administrer le programme.

Dans une lettre datée du 22 avril adressée à la ministre des Finances Chrystia Freeland, obtenue par le Globe and Mail, le ministre des Finances de l’Ontario Peter Bethlenfalvy a mentionné que le gouvernement provincial a été informé par ses professionnels de la santé et des sciences qu’un programme de congés de maladie payés « est essentiel » pour prévenir la propagation de la COVID-19 dans les lieux de travail.

M. Bethlenfalvy écrit que la proposition de la province est la manière « la plus simple et la plus rapide » d’augmenter l’utilisation de la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE) du gouvernement fédéral.

La PCMRE du gouvernement fédéral offre un congé de maladie pouvant aller jusqu’à quatre semaines aux Canadiens partout au pays, mais la participation a été beaucoup moins importante qu’Ottawa l’avait initialement prévue. Le gouvernement fédéral avait estimé, en novembre, que la Prestation verserait près de 5 milliards de dollars sur deux ans, pour finalement réduire cette prévision à seulement 738 millions de dollars dans le budget fédéral du 19 avril.

Pendant des mois, le gouvernement de l’Ontario a été confronté à des demandes de plusieurs experts médicaux, maires, dirigeants syndicaux et politiciens des partis de l’opposition pour voir à ce que les travailleurs qui occupent souvent un emploi précaire et qui font un travail essentiel – comme de remplir les tablettes dans les épiceries ou de traiter les colis dans les entrepôts – aient des congés de maladie payés.

Sans ces derniers, certains travailleurs doivent choisir entre nourrir leurs familles et perdre un salaire pour se faire tester pour la COVID-19, un scénario blâmé pour la propagation rapide du virus dans les usines et d’autres lieux de travail dans des parties de Toronto et de la région de Peel, où une fillette de 13 ans est devenue une des plus jeunes victimes de la pandémie la semaine dernière.

Ces critiques affirment également que le programme de prestations de maladie du fédéral est trop peu généreux – seulement 500 $ par semaine – et que l’envoi des chèques est trop long pour les travailleurs qui doivent faire une demande de soutien après le fait, ce qui signifie qu’ils sont trop peu nombreux à en profiter.

Dans sa lettre adressée au gouvernement fédéral, M. Bethlenfalvy a affirmé que le programme fédéral pourrait être amélioré si les provinces, comme l’Ontario, enclenchaient un processus pour améliorer les paiements pour les personnes confrontées au chômage et à une perte de revenu au cours de la troisième vague de la pandémie.

« L’Ontario aimerait aller de l’avant et doubler la prestation pour chaque demande provenant de l’Ontario », a-t-il écrit dans la lettre à Mme Freeland. « Plus précisément, nous aimerions que chaque résident de l’Ontario soit admissible à un montant de 1 000 $ par semaine au lieu du montant actuel de 500 $. »

M. Bethlenfalvy a ajouté ceci : « Nous sommes prêts à prendre cet engagement dès maintenant et la province paiera le coût total du montant supplémentaire. »

Le premier ministre de l’Ontario Doug Ford, qui s’est lui-même isolé après avoir été en contact avec une personne testée positive à la COVID-19, s’est engagé, dans le cadre d’une conférence de presse émotive la semaine dernière, à « combler les trous » du programme fédéral de congés de maladie payés, après qu’Ottawa ait refusé de changer le programme dans son récent budget.

Deux conseillers de M. Ford ont affirmé que le gouvernement provincial a eu de nombreuses conversations avec des fonctionnaires fédéraux du bureau du premier ministre, du ministère des Finances et de l’Agence du revenu du Canada afin de discuter de la proposition. Les conseillers ont affirmé qu’il n’était pas viable que l’Ontario mette sur pied un système indépendant alors qu’Ottawa a déjà un programme en place. Ils ont également affirmé qu’Ottawa n’était pas intéressé par le plan en raison de préoccupations de traitement de l’information et du problème d’ajustement d’un programme national d’une manière qui s’appliquerait uniquement à une province.

Un fonctionnaire supérieur fédéral a confirmé cette interprétation et affirmé qu’Ottawa avait exhorté l’Ontario à accorder un congé fiscal aux petites entreprises jusqu’à l’automne en échange d’une demande de congés de maladie payés pour les employés.

Le Globe n’identifie par les fonctionnaires provinciaux et fédéraux parce qu’ils ne sont pas autorisés à commenter des discussions privées entre deux gouvernements.

En réponse aux questions du Globe au sujet de la proposition de l’Ontario, Katherine Cuplinskas, attachée de presse de Mme Freeland, a envoyé une déclaration qui affirmait qu’Ottawa verse déjà des prestations de maladie aux travailleurs assujettis à la réglementation fédérale.

« Bien que les protections en matière de congés de maladie soient de responsabilité provinciale, nous continuerons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir la population de l’Ontario au cours de cette troisième vague agressive du virus », a-t-elle affirmé.

Le premier ministre a suscité des réactions négatives de la part de la population après l’annonce des mesures de lutte contre la pandémie – y compris de nouveaux pouvoirs pour les corps policiers et une interdiction d’organiser des activités à l’extérieur – ce qui allait à l’encontre des conseils scientifiques du gouvernement lui-même et qui ne serviraient pas à grand-chose selon les critiques pour empêcher la troisième vague de la COVID-19 qui inonde maintenant le système de santé de la province.

On s’attendait à ce que le nouveau régime de congés de maladie de l’Ontario soit annoncé dès cette semaine. Jusqu’à tout récemment, M. Ford affirmait qu’une prestation de maladie provinciale constituait une « double déduction » et que les critiques jouaient simplement au « jeu de la politique ». Son gouvernement a voté à répétition contre des projets de loi déposés par les partis de l’opposition à Queen’s Park qui auraient accordé une prestation de maladie – dont un lundi.

Au cours de la période de questions lundi, le ministre du Travail de l’Ontario, Monte McNaughton, a affirmé devant l’Assemblée législative que le gouvernement était déçu qu’Ottawa ait annoncé 100 milliards de dollars de nouvelles dépenses dans son récent budget mais tout de même offert une prestation de maladie qui équivaut à moins que le salaire minimum.

« Le gouvernement fédéral doit être notre partenaire, doit montrer l’exemple et en faire plus pour les travailleurs ici en Ontario », de dire M. McNaughton.

Andrea Horwath, cheffe du NPD de l’Ontario qui demande depuis des mois que le gouvernement provincial agisse au sujet des congés de maladie, a affirmé avoir été étonnée par le manque de sentiment d’urgence du gouvernement conservateur.

« Les Ontariens ne veulent plus d’excuses et n’en peuvent plus du jeu des reproches », de dire Mme Horwath à l’Assemblée législative, lundi.

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