« Personne n’a voté pour transformer Huntsville, en Ontario, en Huntsville, en Alabama. » –
Imaginez devoir travailler dans une ville où, par simple décret gouvernemental, on vous retire le droit à la santé et à la sécurité, au salaire minimum, et à toute protection en matière d’emploi – y compris le droit de recours en cas de blessure, de congédiement ou de mauvais traitements au travail.
C’est la réalité qui s’abattra sur les Ontarien(ne)s une fois que le projet de loi 5 des conservateurs de Ford, Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en libérant son économie, aura force de loi.
L’annexe 9 de ce projet de loi omnibus, actuellement en deuxième lecture à l’Assemblée législative de l’Ontario, accorderait au gouvernement le pouvoir élargi de désigner, n’importe où dans la province, des « zones économiques spéciales ». Dans ces zones, le gouvernement provincial peut suspendre ou annuler toutes les lois et règlementations existantes concernant les conditions de travail, la santé et la sécurité, et les protections environnementales, ainsi que les règlements municipaux.
« Les conséquences sur les travailleuses et travailleurs, les familles et les communautés seront désastreuses », a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.
En vertu du projet de loi 5, les conservateurs de Ford pourraient transformer des villes entières – comme Toronto, Windsor ou Sudbury – en zones économiques spéciales. N’importe quelle région pourrait être désignée comme une zone où les droits et protections fondamentaux des travailleuses et travailleurs ne s’appliquent plus, y compris ceux encadrant le travail des enfants, le droit de refuser un travail dangereux, ou même le droit à des pauses repas de base.
« Le droit du travail qui s’applique en Ontario n’existera tout simplement pas dans ces zones économiques spéciales. Sous prétexte de crise économique imminente et de riposte aux tarifs douaniers, Doug Ford s’apprête à livrer les travailleuses et travailleurs à un véritable Far West des conditions de travail au seul bénéfice des grandes entreprises », a dénoncé Fred Hahn.
Les groupes concernés ont déjà souligné les risques que le projet de loi 5 fait peser sur l’environnement, la biodiversité et la souveraineté des peuples autochtones; l’Association canadienne des libertés civiles le qualifiant de « coup de force ». En tant que plus grand syndicat de la province, le SCFP-Ontario sonne l’alarme : le projet de loi menace les droits des travailleuses et travailleurs et s’inscrit dans une tendance inquiétante de violations flagrantes du droit du travail observées dans les zones économiques spéciales aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
« Les conservateurs de Ford savent tirer parti d’une crise », a averti Fred Hahn. « En cette période d’incertitude profonde, où tout le monde s’inquiète pour son avenir, peu de gens remarquent ce que le gouvernement nouvellement réélu est en train de faire, discrètement, à Queen’s Park. »
Les menaces que représentent les tarifs douaniers et leurs retombées sont réelles, a souligné Fred Hahn, « mais on ne résout pas un problème en en créant des dizaines d’autres. Le risque de violations du droit du travail est énorme. Personne n’a voté pour que Doug Ford transforme Huntsville, en Ontario, en Huntsville, en Alabama. »
Toujours selon Fred Hahn : « Doug Ford a remporté les élections en se drapant de l’Unifolié, en se proclamant “Capitaine Canada” et en prétendant défendre les travailleuses et travailleurs et les emplois de l’Ontario. Aujourd’hui, il exploite les guerres tarifaires comme un prétexte pour créer un environnement où la cupidité des entreprises peut se déployer librement, sans aucune protection essentielle comme le droit du travail. On ne peut pas prétendre défendre le Canada en adoptant des lois qui s’inspirent des pires pratiques américaines. »
« Doug Ford adopte les tactiques des démagogues républicains les plus à droite. Le Canada n’est pas et ne sera jamais le 51e État. Les droits en matière de travail et d’environnement font partie de ce qui nous distingue des États-Unis. Ce sont des acquis à renforcer et à protéger – pas des droits que l’on peut ignorer ou suspendre. »