Une réplique de 4,5 m (15 pi) du cheval de Troie, qui symbolise la menace que représente le plan visant à augmenter le recours aux cliniques privées pour les interventions chirurgicales, a été amenée aujourd’hui devant les responsables de l’établissement des lois à Queen’s Park. Le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP) et la Coalition pour la santé de l’Ontario utilisent ce cheval pour demander au gouvernement Ford d’investir dans les hôpitaux publics et d’annuler son plan visant à augmenter le recours aux cliniques privées pour les interventions chirurgicales.
« Le cheval de Troie remonte à la mythologie grecque. Il s’agit d’un cadeau qui, s’il est accepté, représente une menace pour le destinataire », a déclaré Michael Hurley, président du CSHO-SCFP. « Le gouvernement a fait une fausse promesse, selon laquelle le recours aux cliniques privées pour les interventions chirurgicales est une solution pour mettre fin aux longues files d’attente. Concrètement, la privatisation redirige l’argent et le personnel des hôpitaux publics vers des cliniques privées à but lucratif. Par conséquent, les temps d’attente dans le système de santé publique s’allongent, puisque les pénuries de personnel entraînent des fermetures de services. Pendant ce temps, les cliniques privées facturent des frais trop élevés pour la plupart des personnes. En fin de compte, elles réduisent l’accessibilité aux soins en fonction des besoins, allongent les temps d’attente et affaiblissent notre système de santé publique.
M. Hurley a déclaré qu’une étude récente publiée (en anglais seulement) dans le Journal de l’Association médicale canadienne a permis de tirer une conclusion étonnante. Les taux de chirurgie de la cataracte ont augmenté de 22 % pour les personnes les plus riches en Ontario, alors qu’ils ont diminué de 9 % pour les personnes à faible revenu.
Ces conclusions correspondent à l’expérience vécue dans d’autres pays dans lesquels on a eu recours à des cliniques privées pour réaliser des interventions chirurgicales. Cette étude corrobore également les conclusions d’une recherche de la Coalition ontarienne de la santé, qui démontre que les patient(e)s ont dû payer des frais de jusqu’à 8 000 $ dans les cliniques privées.
Selon le syndicat et la Coalition ontarienne de la santé, « ces frais sont souvent trompeurs et contraires à l’éthique. Dans de nombreux cas, ils constituent une violation flagrante des lois sur le régime public d’assurance-maladie ».
Le gouvernement Ford a élargi la portée de la prestation privée des services offerts principalement dans les hôpitaux publics, notamment pour les chirurgies de la cataracte et les tests diagnostiques. Cet automne, le gouvernement accordera de nouveaux permis à des cliniques privées et leur fournira du financement pour effectuer 100 000 examens d’imagerie par résonance magnétique et de tomographie assistée par ordinateur.
« Les cliniques privées et les hôpitaux à but lucratif coûtent deux à trois fois plus cher que les hôpitaux publics. Le gouvernement Ford retire le financement public des soins de santé de nos hôpitaux locaux pour l’octroyer à des cliniques à but lucratif plus coûteuses », a déclaré Natalie Mehra, directrice générale de la Coalition ontarienne de la santé. Pire encore, les cliniques à but lucratif menacent le régime public d’assurance-maladie et entraînent des difficultés pour les patient(e)s, en soutirant illégalement des milliers de dollars de retraite à des personnes âgées pour des interventions chirurgicales dont elles ont besoin, tout en les manipulant pour leur facturer des frais supplémentaires inutiles. »
Les deux organisations demandent donc plutôt au gouvernement d’investir dans les hôpitaux publics pour améliorer la dotation en personnel et renforcer les capacités. Ces hôpitaux disposent déjà des infrastructures requises pour offrir davantage de services, mais ils manquent de financement.
« Le financement accordé par le gouvernement de l’Ontario à nos hôpitaux publics se situe maintenant au niveau le plus bas au Canada, tout comme les niveaux de dotation et la capacité en lits au pays », a déclaré Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO-SCFP. « Pourtant, les conservateurs de l’Ontario détournent plus d’un milliard de dollars par année de nos hôpitaux publics vers des agences de recrutement, des cliniques et des hôpitaux privés à but lucratif. La solution est d’ajouter suffisamment de nouveaux lits et de personnel dans les hôpitaux au cours des 10 prochaines années pour répondre aux besoins d’une population vieillissante et grandissante. Le gouvernement doit aussi combler les lacunes qui exemptent certaines professions du paiement de la taxe santé, ce qui générerait assez de recettes pour compenser les coûts. »