Une nouvelle analyse met en garde contre une crise plus grave si le gouvernement Ford s’en tient à son plan terriblement insuffisant et n’investit pas dans l’amélioration des niveaux de personnel et de capacité des hôpitaux.

OTTAWA, ON – La crise dans le secteur hospitalier de la province ne fera que s’aggraver au cours des quatre prochaines années, à moins que l’Ontario ne fasse des investissements importants pour améliorer les niveaux de dotation et la capacité, prévient un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Conseil des syndicats hospitaliers de l’Ontario du SCFP (CSHO/SCFP).

S’appuyant sur les dernières données disponibles, The Hospital Crisis : No Capacity, No Plan, No End estime que la province doit améliorer les niveaux de dotation en personnel et le nombre de lits de 22% chacun pour répondre de manière significative aux besoins des patients au cours des quatre prochaines années. À Ottawa, cela équivaut à 4 925 employés supplémentaires et à 585 lits de plus.

Cependant, selon la trajectoire et les plans actuels du gouvernement Ford, les effectifs et les capacités dans l’ensemble de l’Ontario augmenteront de moins de 3% pendant la même période.

« Le gouvernement doit adresser la situation intenable de nos hôpitaux publics sur le pied de     guerre », déclare Michael Hurley, président du CSHO/SCFP, qui représente 40 000 travailleurs hospitaliers dans toute la province. « Nous sommes dans une crise profonde, sans aucun signe d’amélioration, car nous continuons à décevoir les patients et les travailleurs. Les services sont réduits en raison de la pénurie de main d’œuvre, les patients sont traités sur des civières en raison du manque de capacité, les personnes attendent des services pendant de longues périodes ou sont refusées, les personnes sortent prématurément de l’hôpital. C’est inacceptable. »

Le CSHO/SCFP cite des données récentes de Statistiques Canada montrant que les niveaux de dotation des hôpitaux n’ont augmenté que de 0,4% par an depuis 2020, alors que les besoins des patients nécessitent une augmentation correspondante de 5,2% par an.

En conséquence, le personnel a dû faire face à de lourdes charges de travail, ce qui, combiné à la suppression des salaires, a entraîné un taux de rotation élevé, comme en témoignent les taux de vacance au premier trimestre 2023, qui ont augmenté d’environ 300% depuis 2015.

« Les problèmes actuels de rétention et de recrutement ne feront que s’aggraver si le gouvernement ne s’attaque pas aux conditions de travail et de rémunération, » déclare M. Hurley. « Les ratios personnel/patients sont extrêmement faibles et ne cessent d’empirer. Il y a tellement de patients que la demande de soins hospitaliers ne cesse d’augmenter et la charge de travail continue de s’intensifier. Les conditions sont tellement insatisfaisantes que le personnel a l’impression de manquer à ses obligations envers les patients et qu’il n’en peut plus. »

En Ontario, la dotation en personnel des hôpitaux pour les patients hospitalisés est inférieure de 38% à la moyenne canadienne. Si la dotation en personnel de l’Ontario atteignait le même niveau que le reste du pays, la province compterait 33 778 plus de personnel à temps plein, y compris le personnel hospitalier et le personnel de soutien.

Le rapport du CSHO/SCFP formule plusieurs recommandations pour résoudre les problèmes de manque de personnel, notamment l’augmentation du nombre de postes à temps plein, l’amélioration des salaires réels et l’interdiction du recours au personnel intérimaire.

L’amélioration des niveaux de dotation contribuerait également à résoudre les problèmes de capacité dans les hôpitaux de l’Ontario, selon le CSHO/SCFP. Depuis 2022, plus de 145 salles d’urgence ont été fermées en raison d’un manque de personnel, et rien ne laisse présager une diminution en 2023.

Cependant, le problème ne se limite pas à la pénurie de personnel, car la capacité hospitalière de l’Ontario a fortement diminué au cours des trois dernières décennies. Selon les données les plus récentes de l’ICIS, le Canada dans son ensemble compte 7,7% de lits d’hôpitaux de plus par habitant que l’Ontario. Il en résulte un taux d’occupation des lits d’hôpitaux très élevé, des chirurgies annulées et une utilisation accrue des espaces non conventionnels, avec une augmentation de 22% des « soins de santé dans les couloirs » depuis l’élection de Ford en 2018.

Selon le SCFP, le plan du gouvernement visant à augmenter la capacité de 3 000 lits au cours des dix prochaines années est loin de répondre aux besoins. Cela ne représenterait qu’une augmentation annuelle de 0,79%, alors que le gouvernement lui-même prévoit un taux de croissance démographique annuel de 1,5% au cours de la prochaine décennie.

Le fait que les besoins en matière de soins de santé dépendent de l’âge ne fait qu’aggraver le problème, explique M. Hurley. La population des personnes âgées de 65 ans et plus augmente deux fois plus vite que le reste de la population de l’Ontario et ce sont elles qui ont tendance à utiliser le plus les hôpitaux.

Bien que le dernier budget du gouvernement ait considérablement augmenté le financement des soins de longue durée et des soins à domicile (tous deux essentiellement à but lucratif), les projections de la FAO n’indiquent pas d’amélioration significative dans ces sous-secteurs, ce qui permettrait de soulager la pression sur les hôpitaux.

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