Le très honorable Justin Trudeau
Premier ministre du Canada
80, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A2
[email protected]
L’honorable Sean Fraser
Ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Édifice de la Confédération, bureau 110
Chambre des communes, Ottawa (Ontario) K1A 0A6
[email protected]
Monsieur le premier ministre Trudeau et monsieur le ministre Fraser,
Nous vous écrivons, au nom des membres du SCFP-Ontario, afin de manifester notre soutien pour la régularisation immédiate des travailleurs au Canada et la prorogation du statut de résident permanent à tous les travailleurs migrants.
La Division de l’Ontario du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) est le plus important syndicat de la province avec plus de 280 000 membres. Les membres du SCFP travaillent dans les soins de santé, les municipalités, les conseils scolaires, les services sociaux, le transport aérien et l’enseignement postsecondaire de presque chaque collectivité de la province.
Nous travaillons dans les salles d’urgence et les unités de soins intensifs des hôpitaux; nous sommes les préposés aux services de soutien à la personne dans les foyers de soins de longue durée et les maisons de retraite; nous sommes les travailleurs paramédicaux qui offrent des services d’urgence. Nous sommes les travailleurs des refuges qui aident les sans-abris; et nous sommes les travailleurs en garderie qui aident les Ontariens plus jeunes.
Nous assurons la sécurité des enfants à l’école et nous aidons les élèves les plus vulnérables à apprendre. Nous faisons fonctionner les universités, en faisant de la recherche et en enseignant, tout en assurant la sécurité et la propreté des campus et que de la nourriture y soit offerte. Nous sommes les travailleurs des services essentiels qui doivent rentrer au travail pour voir à ce que les collectivités continuent de fonctionner : les ramasseurs des ordures ménagères, les chauffeurs de chasse-neige, les spécialistes de l’eau potable, les travailleurs du transport en commun et les électriciens des services d’électricité. Nous sommes au cœur de l’industrie canadienne du transport aérien, en tant qu’agents de bord et autres, transportant la population de notre pays d’un bout à l’autre du pays.
Et nous sommes nombreux à être des travailleurs migrants ou à l’avoir été.
C’est pourquoi nous savons que les politiques canadiennes en matière d’immigration n’ont pas aidé les travailleurs, et ce continuellement.
Pour un trop grand nombre de travailleurs migrants, l’entrée au Canada a été terriblement précaire. Arrivant en tant qu’étudiants internationaux ou en vertu de permis de travail temporaires, l’accès aux services publics essentiels, comme les soins de santé, a été soit coûteux, restreint ou purement et simplement refusé. En tant que syndicat, nous nous sommes organisés et nous nous sommes joints à d’autres organisations syndicales et communautaires pour lutter pour des droits fondamentaux. Par exemple, le Comité de coordination des travailleurs universitaires de l’Ontario du SCFP travaille depuis longtemps avec la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants pour exiger que les étudiants internationaux – dont bon nombre sont également des travailleurs universitaires – aient accès aux mêmes services de santé universels que les autres Ontariens par l’entremise de l’Assurance-santé.
Au cours de la pandémie de la COVID-19, nous avons enfin été reconnus – tout comme de nombreux autres travailleurs essentiels mais à faible salaire – comme étant les héros des premières lignes que nous avons toujours été. La pandémie a révélé en quoi le travail des membres du SCFP dans les professions de soins – soutenir les aînés et les personnes les plus vulnérables, s’occuper d’enfants, nettoyer nos espaces publics – était essentiel au fonctionnement de base de notre société. Elle a révélé de quelle façon ceux qui cultivent, transforment et livrent notre nourriture étaient essentiels à notre sécurité collective.
Mais elle a également révélé de quelle façon ces mêmes travailleurs étaient confrontés à des taux disproportionnellement élevés de cas et de décès de la COVID-19, particulièrement ceux qui étaient des travailleurs migrants précaires.
Pour les travailleurs migrants, dont un trop grand nombre à qui on refuse la protection fondamentale d’un syndicat, la pandémie de la COVID-19 a prouvé qu’ils étaient essentiels pour le Canada mais également qu’ils étaient gravement négligés par le gouvernement canadien qui a continué de permettre aux employeurs de les exploiter, en leur refusant des droits, des protections et des services fondamentaux au travail nécessaires pour faire leur travail essentiel et de première ligne de façon sécuritaire. La pandémie nous a montré qu’il était nécessaire de reconnaître notre interconnectivité inhérente et la vérité fondamentale que nous tous qui vivons au Canada ne sommes pas plus en sécurité, et en santé, que nos travailleurs et voisins les plus marginalisés.
Offrir la résidence permanente à tous les travailleurs migrants, y compris les travailleurs sans papier, est un premier pas important pour atteindre cet objectif.
C’est également essentiel pour la capacité du Canada à se remettre de la pandémie de manière significative et équitable.
Nous savons que votre gouvernement a reconnu la nécessité de créer un programme de « régularisation » pour les travailleurs sans papier au Canada. De plus, nous savons que le Parlement s’est prononcé, d’une seule et même voix, en soutien d’une motion demandant au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté d’élaborer, selon des échéanciers serrés, un plan afin d’accorder la résidence permanente aux travailleurs de tous les « niveaux de compétence ». Cela comprendrait bon nombre des travailleurs migrants essentiels, de première ligne et à faible revenu dont les emplois ont été, jusqu’à maintenant, jugés à tort « peu qualifiés » en vertu du programme Travailleurs temporaires étrangers et, ainsi, ne pouvant être tenus en compte pour une résidence permanente.
Étant donné l’échéance serrée accordée par le Parlement et que le ministre doit respecter, les membres du SCFP-Ontario savent que votre gouvernement fait présentement ses choix. On doit mettre un terme aux programmes partiaux qui jugent certains travailleurs comme méritant la résidence permanente et d’autres comme étant inadmissibles en fonction du genre d’emploi qu’ils font. L’histoire a démontré que ce genre de sélection de gagnants et de perdants sur le marché du travail est fondamentalement inéquitable. Notre système actuel a clairement accordé le statut de résident permanent à des travailleurs mieux payés tandis que des travailleurs essentiels de première ligne, mais à plus faible revenu, ont été maintenus dans leur précarité sans accès à la résidence permanente.
Les membres du SCFP-Ontario savent que pour assurer l’égalité des droits complète et vigoureuse pour tous les travailleurs, le Canada doit accorder la résidence permanente au 1,7 million de migrants au Canada, incluant la régularisation des 500 000 migrants au moins qui sont présentement considérés comme étant « sans papier ». Nous soutenons l’ensemble des propositions pour guider l’élaboration d’un programme de régularisation (en anglais seulement) du Migrant Rights Network et nous demandons que votre gouvernement s’engage à régulariser en temps opportun la situation de toutes les personnes sans papier, sans exception, et à accorder le statut de résident permanent à tous les migrants, particulièrement ceux qui occupent des emplois à faible revenu à l’avenir.
Nous vous prions d’accepter, messieurs Trudeau et Fraser, l’expression de nos sentiments distingués.
Le président,
Fred Hahn
La secrétaire-trésorière,
Yolanda McClean