OTTAWA (ONTARIO)Si la dotation en personnel est insuffisante dans les autres provinces, l’Ontario est la province canadienne qui prodigue le moins de soins. Aucune autre province ne rapporte un aussi petit personnel soignant par pensionnaire (ou par lit) que l’Ontario.

Un rapport de recherche (« Long-Term Care Understaffing Fewer Hands in Ottawa ») du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’intéresse à la crise latente. On y chiffre le manque de personnel dans les maisons de soins de longue durée d’Ottawa. Selon ce rapport, il manque aux pensionnaires des dix-sept établissements de soins de longue durée de la capitale nationale, comparativement à ceux du reste du pays, 1 460 heures de soins de santé par jour et 532 642 heures par année. Cela représente 273 employés soignants à plein temps.

Si on tient compte de l’ensemble du personnel (soignant, administratif et de soutien), il faudrait ajouter 810 800 heures de soins et de services, soit 416 postes à temps plein.

Les Libéraux provinciaux hésitent à fixer une norme de soins dans les maisons de soins de longue durée de l’Ontario. Pendant ce temps, les infirmières se démènent pour combler les besoins de pensionnaires à la santé toujours plus fragile, selon Bonnie Soucie, une infirmière auxiliaire autorisée (IAA) d’Ottawa.

Mme Soucie compte près de vingt ans de métier dans les soins de longue durée. Elle affirme que les besoins des pensionnaires ont augmenté pendant cette période. Ils sont plus âgés et leurs problèmes médicaux sont plus complexes, « mais la dotation en personnel et le temps de soin n’ont pas suivi cette tendance, explique-t-elle, en raison de l’insuffisance du financement de l’État provincial, comme l’atteste la recherche. Le système compte sur l’altruisme et le dévouement des infirmières et du personnel soignant en général, alors que ces employés sont complètement démoralisés, parce qu’ils sont incapables d’accorder aux pensionnaires les soins dont ceux-ci ont besoin. »

Les statistiques sur la santé montrent que les pensionnaires en soins de longue durée sont plus malades que jamais et que leur état requiert beaucoup plus de soins. La proportion de pensionnaires malades du cœur augmente de 4,5 pour cent par année. Le taux de dysfonction rénale, lui, augmente de 3,7 pour cent annuellement. Le ratio de pensionnaires ayant six diagnostics formels ou plus croît de 4,8 pour cent par année.

En Ontario, le ratio d’employé par pensionnaire est de 0,590 équivalent temps plein (ETP), contre 0,687 dans le reste du pays. Cela représente 3,15 heures rémunérées par jour en Ontario, contre 3,67 ailleurs au pays. Le reste du Canada dispose de 16,4 pour cent de plus d’employés ETP par pensionnaire qu’en Ontario, soit environ une demi-heure de soins rémunérés de plus par pensionnaire par jour.

Cet écart entre l’Ontario et les autres provinces a des répercussions sur la toilette des pensionnaires, leurs repas et leurs pansements. Il entraîne des conditions propices à l’incontinence et aux infections, selon Tammy Rainey, une préposée aux services de soutien à la personne (PSSP) chevronnée d’Ottawa : « C’est triste, mais nous n’avons pas le temps d’offrir aux pensionnaires qui vivent leurs derniers moments le soutien émotionnel que n’importe qui jugerait humanitaire et justifié. »

Pour améliorer les soins, il faudrait imposer une norme de 4,5 à 4,8 heures de travail par pensionnaire par jour. Le SCFP réclame une loi qui prescrirait 4 heures de soins quotidiens par pensionnaire, accompagnée, dans le budget de la semaine prochaine, d’une majoration de l’enveloppe consacrée aux soins de longue durée. Le financement provincial annuel par lit de soins de longue durée est de 43 970,77 $ en Ontario contre 52 185,09 $ dans le reste du pays.

« Trop souvent, ce sont les décès et les agressions sur des pensionnaires qui ramènent à l’ordre du jour la question du budget des établissements, de leur dotation en personnel et des heures de soins, souligne le premier vice-président du SCFP-Ontario, Michael Hurley, comme le cas de James Acker il y a quelques jours. Le gouvernement doit accorder la priorité à la sécurité des pensionnaires et à la dotation en personnel. »

 

-30-

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, veuillez communiquer avec :

Stella Yeadon, Service des communications du SCFP, au 416-559-9300