TORONTO (ONTARIO) – Le personnel hospitalier est irrité et stupéfait par la façon dont le gouvernement de l’Ontario et les employeurs hospitaliers les traitent après deux ans de sacrifices en lien avec la pandémie. En effet, les négociations provinciales ont frappé l’impasse le 14 mai, déclare le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), la division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique en Ontario (SCFP-Ontario).
« Les gens sont très démoralisés et bouleversés par le total manque de respect tout au long des négociations, alors qu’ils ont travaillé avec diligence et courage pendant la pandémie », a déclaré le président du CSHO–SCFP, Michael Hurley. « Si le personnel ne faisait pas passer les intérêts des patients avant les leurs, Doug Ford serait confronté à des conflits de travail massifs dans les hôpitaux. »
Le SCFP et le SEIU Healthcare négociaient avec l’Association des hôpitaux de l’Ontario (AHO) le renouvellement de la convention collective de près de 70 000 membres du personnel hospitalier de première ligne. Il s’agit d’une main-d’œuvre à prédominance féminine et hautement qualifiée qui a fait de nombreux sacrifices pour soigner les patients tout au long de la pandémie de COVID-19.
Tout au long des pourparlers, le personnel hospitalier a clairement signifié aux conservateurs de Doug Ford que leur loi 124 (adoptée avant la pandémie), conjuguée à l’inflation galopante, leur impose une réduction de salaire de six pour cent et que cela alimente un exode de personnel. Il faut abroger cette loi pour pallier le manque de personnel. Face à la violence croissante des patients, au nombre élevé de patients, à l’augmentation des risques de traumatismes mentaux et d’infection, le nombre de postes vacants d’infirmière auxiliaire autorisée (IAA) est trois fois supérieur à ce qu’il était avant la pandémie. Dans d’autres professions hospitalières, le nombre de postes vacants a quadruplé.
« Je ne saurais exagérer l’épuisement et le malheur que vivent les infirmières et infirmiers auxiliaires comme moi » explique Mélanie Viau, IAA et vice-présidente francophone du CSHO. « Et pourtant, nous sommes encore là pour les patients. Nous l’avons été pendant deux années exténuantes de pandémie. Mais bon nombre d’infirmières et d’infirmiers quittent leur emploi. Nous sommes en crise de personnel. Or, au-delà des platitudes publiques, en coulisses, le gouvernement conservateur nous sous-estime et nous punit avec une loi qui nous impose une baisse de salaire. »
Avec ces négociations provinciales, les employeurs hospitaliers, par l’intermédiaire de l’AHO, auraient pu signaler à cette précieuse main-d’œuvre qu’ils étaient du côté de leurs premières lignes, de la stabilité du personnel et des soins aux patients.
L’AHO a fait le contraire, selon Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO–SCFP), en refusant d’aborder la question des protections en matière de santé et de sécurité et « en prétendant que l’inflation n’augmente pas. Cela signifie que le personnel hospitalier est confronté à une réduction de dix pour cent du salaire réel en raison de l’inflation en 2021 et 2022. Les hôpitaux disent qu’ils n’appuient pas la loi 124, mais ils ont refusé d’être plus généreux dans la première année de ce contrat, alors qu’ils en ont eu l’occasion. Le manque de respect, d’empathie, de soutien et de compassion que ces hôpitaux témoignent à leur personnel de première ligne est maintenant clair. »
Les trois partis d’opposition de l’Ontario ont tous déclaré que s’ils sont élus le 2 juin, ils abrogeront la loi 124 sur le plafonnement des salaires et interpelleront les parties prenantes, y compris des syndicats comme le SCFP et le SEIU Healthcare, pour régler la crise de personnel et développer des stratégies de rétention et d’attraction à long terme dans le secteur de la santé.
« Les Ontariennes et les Ontariens appuient sans réserve cette main-d’œuvre hospitalière majoritairement féminine; ils veulent que celle-ci soit équitablement rémunérée pour le travail qualifié qu’elle accomplit », raconte Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO. « Notre sondage auprès de la population le démontre. Mais pas un seul député conservateur n’a dit qu’il ferait pression pour abroger cette loi 124 sexiste et discriminatoire qui alimente l’exode du personnel hospitalier. »
À la suite de l’échec de la médiation de ce week-end, tous les indicateurs de la direction hospitalière du SCFP pointent vers une intensification de la mobilisation de la base dans toute la province. Ses objectifs sont l’ajout d’emplois à temps plein, l’amélioration des salaires, des hôpitaux exempts de violence et de harcèlement et l’obtention d’équipement de protection individuelle plus adéquat pour réduire les risques d’infection pour le personnel et la clientèle.
Étant donné que la loi ontarienne n’accorde pas le droit de grève au personnel hospitalier, la convention collective provinciale des membres du secteur hospitalier du SCFP et du SEIU Healthcare sera soumise à une commission d’arbitrage en juin pour résoudre les questions en suspens. En vertu de la Loi ontarienne sur l’arbitrage des conflits de travail dans les hôpitaux, la durée du prochain contrat sera de deux ans à compter de septembre 2021.
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