TORONTO (ONTARIO) – On demande, aujourd’hui, à la Commission ontarienne des droits de la personne d’entreprendre ce qui pourrait s’avérer être une enquête publique systémique exhaustive sur la discrimination fondée sur l’âge dans l’offre de soins de santé dans la province. Dans sa lettre (http://bit.ly/OHRC-letter-210316) (en anglais seulement) à la Commission, la Coalition ontarienne de la santé (OHC), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et l’Advocacy Centre for Elderly (ACE) soulignent les politiques de longe date de ‘déshospitalisation’ et de restriction de l’accès aux soins, ainsi que les niveaux de soins dramatiquement inadéquats dans les soins de longue durée qui affectent de façon disproportionnée les aînés. La COVID-19 a rendu les conséquences de ces politiques assez évidentes.

Des milliers de patients âgés ont été transférés en dehors des hôpitaux, souvent sans tenir compte de leur droit à un consentement éclairé et à leurs besoins en matière de soins. Les résidents des foyers de soins de longue durée se sont retrouvés avec des soins horriblement inadéquats et près de 4 000 résidents de foyers de soins de longue durée – dont bon nombre n’ont pas été transférés à l’hôpital pour obtenir des soins bien qu’ils étaient gravement malades – sont morts. Le problème de la discrimination fondée sur l’âge dans les soins de santé remonte cependant à avant la crise actuelle et persistera longtemps après qu’elle sera terminée, à moins que le problème ne soit traité à l’échelle du système.

L’article 31 du Code des droits de la personne confère à la Commission le pouvoir d’entreprendre une enquête s’il en va du bon exercice des fonctions qui lui sont dévolues et qu’elle croit que c’est dans l’intérêt du public de le faire. Les fonctions de la Commission incluent l’identification et la promotion de l’élimination de pratiques discriminatoires. Récemment, la Commission a lancé des enquêtes pour traiter du profilage et de la discrimination raciale par le service de police de Toronto et des questions touchant les élèves ayant des troubles de lecture. L’OHC, le CSHO et l’ACE demandent à la Commission d’utiliser ses pouvoirs, ses ressources et son expertise pour traiter de manière similaire la discrimination fondée sur l’âge dans les soins de santé.

L’Ontario a coupé 20 000 lits dans les hôpitaux au cours des 30 dernières années. C’est maintenant la province qui dispose du moins grand nombre de lits par habitant par rapport à toutes les autres provinces canadiennes. Au cours de la même période, l’Ontario a connu une croissance de sa population de 4 millions de personnes et un vieillissement de la population – avec une forte augmentation des personnes âgées de plus de 65 ans. La capacité des foyers de soins de longue durée de l’Ontario est la deuxième moins élevée au Canada et les listes d’attente sont interminables. C’est devenu la norme de traiter les Ontariens plus âgés dans des lits d’autres niveaux de soins (ANS) en milieu hospitalier comme s’ils « monopolisaient des lits », bien que des études montrent qu’un pourcentage important de ces personnes nécessitent en fait une hospitalisation permanente.

L’OHC, le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP) et l’ACE affirment que la façon dont des gouvernements provinciaux successifs ont répondu aux demandes en matière de soins de santé, jumelée à une réduction dramatique de la capacité, a été de le faire en refusant des soins essentiels aux personnes âgées, quelque chose que les groupes considèrent contraire à l’éthique, discriminatoire et injuste.

Les choix quant aux politiques provinciales de santé ont fait en sorte que plus de 38 000 personnes se retrouvent sur les listes d’attente pour des soins de longue durée et que les temps d’attente se situent entre trois et cinq ans dans la plupart des régions, pouvant aller jusqu’à plus de huit ans. À Toronto seulement, les choix quant aux politiques provinciales de santé ont entraîné des hôpitaux chroniquement surchargés aux quatre coins de la ville, le délestage de patients vers des maisons de retraite et des établissements de soins transitoires et des listes d’attente pour des soins de longue durée allant jusqu’à 6,2 ans (2 260 jours).

L’OHC, le SCFP et l’ACE demandent également au gouvernement de l’Ontario de remédier immédiatement aux héritages de politiques discriminatoires dans les soins de santé, dont il n’est aucunement le seul responsable.

Ils demandent plus précisément au gouvernement provincial :

  1. de s’engager à ce que tout le monde ait accès aux soins hospitaliers et aux soins de longue durée nécessaire sans discrimination fondée sur l’âge;
  2. d’interdire le transfert de patients nécessitant un autre niveau de soins en attente de soins en milieu hospitalier vers des établissements en dehors du milieu hospitalier;
  3. de voir à ce que les patients nécessitant un autre niveau de soins en attente d’un placement dans des établissements de soins de longue durée ne soient pas contraints d’aller dans des établissements qui ne sont pas des foyers de soins de longue durée.
  4. de rétablir la capacité nécessaire pour répondre aux défis démographiques en matière de santé auxquels nous sommes confrontés à court terme en :
  • rétablissant la capacité d’hospitalisation en rouvrant des lits fermés et en les dotant en personnel;
  • créant 50 000 lits de soins de longue durée publics sans but lucratif;
  • embauchant 34 000 membres du personnel des soins de longue durée équivalent à temps plein (dont des infirmiers auxiliaires, des infirmiers auxiliaires autorisés et des préposés aux services de soutien à la personne), en accélérant ces embauches dans toute la mesure du possible.
  1. d’offrir une aide et du financement d’urgence aux hôpitaux publics.

L’OHC, le SCFP et l’ACE demandent également au gouvernement fédéral d’augmenter le financement pour les soins de santé afin de soutenir ces services essentiels.

Citations :

« Les choix quant aux politiques des gouvernements ontariens successifs ont entraîné la rationalisation la plus radicale dans le secteur hospitalier au Canada et des soins de longue durée lamentablement inadéquats. La pandémie a exposé au grand jour la souffrance humaine qui est la conséquence de ces choix quant aux politiques. Après des années à promouvoir des changements qui s’imposaient de toute urgence, et qui n’ont pas été mis en place, nous demandons une enquête sur la violation des droits de la personne fondamentaux des aînés. Nous exigeons que notre gouvernement provincial prenne au sérieux la souffrance des aînés et qu’il prenne des mesures pour assurer la sécurité, la dignité et les soins. » Natalie Mehra, directrice de la Coalition ontarienne de la santé (OHC)

« Alors que la population de l’Ontario a connu une croissance et un vieillissement de sa population, les dépenses en santé sont limitées en refusant des services de santé essentiels aux aînés. Cela n’a jamais été aussi évident que pendant la pandémie, alors que des milliers de résidents gravement malades n’ont pas été transférés à l’hôpital, agonisant dans les soins de longue durée. Mais la triste vérité est que, chaque jour, les aînés sont refusés, repoussés ou privés d’un accès à des soins de santé parce que ces soins sont restreints. Nous déplorons cette discrimination dans l’offre de services de santé en fonction de l’âge et nous exigeons que le gouvernement agisse pour y mettre fin. » Michael Hurley, président du Conseil des syndicats hospitaliers de l’Ontario (CSHO-SCFP)

« Les personnes âgées de l’Ontario ont fait les frais du manque de planification de l’Ontario en matière de soins de santé, en refusant des soins et des services aux aînés uniquement en fonction de leur âge. On ment systématiquement aux personnes âgées qui doivent être admises dans des foyers de soins de longue durée quant aux choix qui s’offrent à elles, les forçant à accepter une place dans des foyers à but lucratif non réglementés, alors qu’elles ont non seulement légalement droit à des soins en milieu hospitalier ou dans des foyers de soins de longue durée financés par l’État, mais qu’elles en ont vraiment besoin. La COVID-19 n’a fait que mettre en lumière la discrimination fondée sur l’âge qui existe dans notre système de santé. Nous exigeons que cela cesse dès maintenant. » Jane E. Meadus, Advocacy Centre for the Elderly (ACE)

 

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Pour obtenir des renseignements supplémentaires, veuillez communiquer avec :

 

Stella Yeadon, Service des communications du SCFP, au 416 559-9300 ou à [email protected]

 

 

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