Alors que l’Ontario célèbre, du 21 au 27 mai, la Semaine des services paramédicaux, le SCFP attire l’attention sur des données récentes montrant une croissance de la demande et une multiplication des périodes sans ambulance disponible.
Toronto (Ontario) – Les pénuries critiques d’ambulances augmentent dans l’ensemble de la province. C’est pourquoi le syndicat qui représente la majorité des ambulancières et ambulanciers paramédicaux en Ontario demande au gouvernement provincial d’accoucher d’une stratégie globale de dotation en personnel pour le secteur des services médicaux d’urgence (SMU).
« Dans presque toutes les régions de l’Ontario, les services paramédicaux sont incapables de répondre à la demande croissante en SMU », affirme Niko Georgiadis, paramédic de première ligne et président du Comité ambulancier du SCFP-Ontario. « Cette situation a des conséquences tragiques quotidiennement : des gens en arrêt cardiaque qui ne reçoivent pas de soins à temps, des personnes âgées qui passent des heures à souffrir allongées sur le sol en attendant l’arrivée d’une ambulance. »
Selon lui, les services paramédicaux sont incapables de retenir ou de recruter du personnel, parce que le manque chronique de personnel a créé un cercle vicieux : lourde charge de travail, nombre élevé d’accidents de travail, épuisement des effectifs.
Le provincial doit intervenir en accouchant d’une stratégie de dotation durable à long terme, en consultation avec les syndicats, les municipalités et les autres parties prenantes, dit-il.
« Le gouvernement ne peut pas se contenter de laisser les municipalités régler le problème toutes seules, insiste-t-il. Celles-ci se disputent le même bassin de paramédics, de répartiteurs et de répartitrices. Non, nous avons besoin d’un plan de dotation qui tient compte de la croissance et du vieillissement de la population, des autres lacunes du système de santé et du nombre insuffisant de paramédics qui sortent des collèges. »
La collecte et la divulgation des données sont très variables dans l’ensemble de l’Ontario, mais les informations disponibles brossent un tableau désastreux. Les codes zéro*, soit les fois où aucune ambulance n’est disponible pour répondre à un appel au 911, se multiplient partout dans la province.
Ottawa en a dénombré 750 de janvier à juillet 2022 (soit autant que dans toute l’année 2021); dans la région de Waterloo, le nombre de codes zéro a quadruplé en 2022; au comté d’Essex, le nombre a bondi de 185 % dans la même année.
On explique souvent les codes zéro par les retards de déchargement dans les hôpitaux, mais les données montrent que la croissance de la demande y est aussi pour beaucoup.
Dans l’ensemble de l’Ontario, la demande en services paramédicaux a augmenté de quatre pour cent par année en moyenne entre 2010 et 2019 en raison des pressions exercées par un système de santé sous-financé et le vieillissement de la population. Et les données disponibles montrent que cette demande a fortement augmenté depuis dans plusieurs régions.
Le volume d’appels a grimpé de 12,8 % dans le comté de Peterborough et de dix pour cent dans la région de Waterloo.
Dans tout l’Ontario, les syndicalistes paramédicaux du SCFP exhortent le gouvernement provincial à prendre l’initiative de redresser le secteur, ce qui doit inclure un plan pour améliorer la dotation en personnel des hôpitaux et la capacité de diminuer les retards de déchargement.
* L’Ontario n’a pas de terme normalisé pour désigner les cas où aucune ambulance n’est disponible. Dans certaines régions, ces incidents sont appelés code noir ou code rouge.
Citations d’autres syndicalistes paramédicaux du SCFP
Natalie Waters, présidente du SCFP 4911 (paramédics du comté de Peterborough), a déclaré :
« Le rythme des SMU a beaucoup changé au fil des ans. Nous ne sommes pas assez nombreux pour absorber l’augmentation du volume d’appels. Le manque de personnel à l’hôpital nous empêche de répondre aux appels dans la communauté, et le nombre d’heures supplémentaires obligatoires qui m’éloignent de ma famille est devenu insoutenable. C’est très stressant de savoir que des appels sérieux sont retardés, avec des résultats catastrophiques pour la personne blessée ou malade. Il est grand temps que le gouvernement provincial accouche d’une stratégie globale de dotation en personnel. »
Nick Desclouds, président du SCFP 5191 (paramédics de la région de Waterloo) a déclaré :
« Je pense que la santé mentale et le bien-être de nos intervenantes et intervenants d’urgence, après avoir traversé quelques années incroyablement difficiles, ont eu un impact que nous n’avons pas encore pleinement réalisé. Nous avons désespérément besoin que le provincial bûche sur un plan de dotation en personnel paramédical en consultation avec les syndicats et les autres parties prenantes. »
James Jovanovic, président du SCFP 2974 (paramédics de Windsor-Essex), a déclaré :
« Je ressens l’accumulation de traumatismes, après des années de stress exacerbé par le manque de ressources. Nous n’avons pas suffisamment investi dans la dotation en personnel. Il faut aussi prioriser la rétention et le recrutement dans le but de suivre la demande. Le provincial doit prendre acte de la crise et s’y attaquer. »
Jon Brunarski, président du SCFP 911 (paramédics de la région de Niagara) a déclaré :
« Je m’inquiète pour nos membres et pour tous les paramédics de l’Ontario. Le volume d’appels a augmenté de façon exponentielle et il n’y a pas assez d’ambulances à temps plein sur les routes. Notre secteur est sous-financé et manque de ressources. Les paramédics quittent leur service pour s’en aller là où on leur offre un poste à temps plein avec un meilleur salaire et de meilleurs avantages sociaux. Cela a un impact sur le reste d’entre nous qui essaie de porter la charge de travail, physiquement et mentalement. Nos communautés méritent mieux, et nous aussi. »
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