Les infections à la COVID-19 (en anglais seulement) des travailleurs de la santé – parmi les niveaux les plus élevés depuis le début de la pandémie — entraînent des annulations et des retards d’opérations, une réduction des heures des services des urgences et une réduction de la capacité dans plusieurs hôpitaux de la province.
Les absences des membres du personnel obligent les hôpitaux à redéployer des infirmiers afin de remplacer des collègues malades et à demander à certains de faire des quarts de travail en temps supplémentaire pour amoindrir les conséquences sur les soins aux patients – une situation qui contribue à l’épuisement, selon les travailleurs de première ligne.
De nouvelles données du Groupe consultatif scientifique ontarien de la lutte contre la COVID-19 montrent (en anglais seulement) que le nombre de travailleurs de la santé des soins actifs infectés par le virus chaque jour est au même niveau qu’au plus fort de la dernière vague du variant Omicron; de plus, ce nombre est probablement plus élevé parce que les chiffres officiels proviennent uniquement des tests d’amplification en chaîne par polymérase (PCR), ce qui n’est pas requis par tous les hôpitaux de l’Ontario pour les membres du personnel malades.
« Retirer un grand nombre de travailleurs en raison d’une exposition ou de la maladie signifie que nous devons réduire le nombre de patients dont nous prenons soin. Ce n’est pas toujours possible », de dire le docteur Wael Haddara, chef des soins intensifs au London Health Sciences Centre (LHSC), qui, la semaine dernière, a dû fermer une partie de son service des urgences en raison du nombre d’infirmiers en congé de maladie.
« Les hôpitaux peuvent réduire les patients ‘non urgents’, mais pas les patients urgents. Et donc des opérations, des interventions et des rendez-vous sont annulés alors que les hôpitaux déplacent du personnel infirmier d’un endroit à l’autre pour couvrir les pénuries dans des secteurs critiques… Cela pourrait être faisable à court terme, mais après deux longues années, les travailleurs de la santé sont au bord du point de rupture. »
La situation est semblable à celle à laquelle d’autres hôpitaux de l’Ontario ont été confrontés au cours des derniers jours et des dernières semaines.
Un sondage du Toronto Star effectué auprès des 14 plus grands systèmes hospitaliers de la province révèle que plus de 2 900 travailleurs de la santé sont présentement en congé de maladie parce qu’ils ont contracté la COVID ou y ont été exposés. Cela comprend 400 travailleurs au Sunnybrook Health Sciences Centre, 317 au Réseau universitaire de santé, 325 au Hamilton Health Sciences, 260 au Sinai Health, 230 au Trillium Health Partners, 227 au William Osler Health System and 210 au Unity Health.
Bien que ces chiffres soient minimes en comparaison au nombre total de travailleurs de la santé dans la province, cela signifie tout de même que les patients ressentent les conséquences d’un système déjà surchargé (en anglais seulement).
En plus de devoir réduire la capacité de son service des urgences, le LHSC a également dû annuler rune chirurgie cardiaque en raison d’un manque de personnel aux soins intensifs et a dû demander à d’autres hôpitaux de la région d’accepter des transferts de patients au cours des trois dernières semaines, d’affirmer M. Haddara. Il y a présentement 283 membres du personnel en congé au LHSC en raison de la COVID, comparable à ce que l’hôpital a vécu lors de la vague d’Omicron en janvier.
Le St. Marys Memorial Hospital dans la municipalité de St. Marys, à environ 40 minutes au nord de London, a fermé son service des urgences de nuit cette semaine (en anglais seulement) en raison d’un manque de personnel lié à la COVID.
« Nous regrettons de nous retrouver à nouveau dans cette situation, cependant les pressions immédiates exercées sur les membres du personnel à la suite de l’épidémie de COVID-19 que nous vivons présentement font de la réduction temporaire des heures la décision la plus responsable et sécuritaire qui s’offrait à nous », de dire Andrew Williams, président et directeur général, dans une déclaration.
Lundi, le Cambridge Memorial Hospital a dû fermer son centre d’évaluation de la COVID plus tôt (en anglais seulement) en raison d’un manque de personnel causé par le virus. Il fait également une mise en garde que les volumes élevés de patients, combinés à des pénuries constantes de personnel, signifient des temps d’attente plus longs dans son service des urgences.
Selon ce qu’a déclaré l’hôpital au Toronto Star, au Kingston Health Sciences Centre, un plus grand nombre de membres du personnel ont été en congé de maladie en raison d’une infection à la COVID au cours des dernières semaines qu’à n’importe quelle autre période antérieure de la pandémie; dans sa déclaration, l’hôpital a également mentionné qu’au sommet la semaine dernière, il y avait en moyenne environ 170 personnes en congé de maladie en même temps.
Mercredi, il y avait environ 120 personnes en congé de maladie à l’hôpital. Ce nombre ne tient pas compte des personnes qui sont incapables de travailler puisqu’elles doivent s’isoler en raison d’un contact étroit avec une personne infectée dans leur maison – un chiffre qui, selon l’hôpital, pourrait représenter entre 40 et 100 personnes additionnelles absentes par jour.
L’hôpital n’est pas encore revenu à une capacité de chirurgie à 100 pour cent parce que des membres du personnel ont obtenu des tests positifs à la COVID au cours de la sixième vague et, au cours des dernières semaines, il y a eu quelques annulations ponctuelles du bloc opératoire pour des procédures non urgentes lorsqu’il lui a été impossible de redéployer des membres du personnel et des médecins pour boucher les trous dans les horaires.
Les niveaux d’épuisement et de stress sont à un « niveau inégalé » à l’Hôpital d’Ottawa, d’affirmer Rachel Muir, une infirmière autorisée qui a passé 27 de ses 34 ans de carrière à l’hôpital à l’unité des naissances.
Mme Muir a affirmé que la semaine dernière, 450 membres du personnel étaient en congé de maladie à l’Hôpital d’Ottawa. Un porte-parole de l’hôpital n’a pas fourni les chiffres mis à jour lorsque le Toronto Star en a fait la demande.
« Nos niveaux de dotation en personnel sont en crise depuis tellement longtemps », d’affirmer Rachel Muir, qui est également la présidente de l’unité de négociation de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario pour l’hôpital. « Il est rare que vous rentriez au travail pour votre quart de travail et que tout le personnel soit présent, et, si c’est le cas, il est rare que vous gardiez tout votre personnel parce qu’il y a une autre unité qui a reçu trois ou quatre appels de personnes malades. »
Elle a affirmé que ce ne sont pas seulement les infirmiers qui sont affectés, mais d’autres professions également, comme les technologues, les inhalothérapeutes, les ergothérapeutes et les travailleurs sociaux.
« Essentiellement, tous les travailleurs de première ligne que vous rencontreriez dans un établissement de santé. »
Les hôpitaux de la région de Toronto, bien que continuant de subir des absences de personnel en raison de la COVID, affirment avoir pu éviter des interruptions importantes de services ou annulations de chirurgies récemment.
« Si vous êtes vraiment malade et que vous avez besoin de la procédure, vous la subirez », de dire le docteur John Granton, un médecin aux soins intensifs au Réseau universitaire de santé, qui a ajouté que certaines procédures pourraient être retardées selon la gravité de la condition du patient.
Il a affirmé que si un nombre suffisamment élevé de membres de son personnel qui jouent des rôles spécifiques, comme les infirmiers aux soins intensifs, les inhalothérapeutes ou les perfusionnistes, qui font fonctionner les pompes pour les cas de pontages, étaient en congé de maladie, cela pourrait avoir une « énorme incidence sur la capacité d’offrir des soins dans des programmes spécifiques ».
Bien que le Réseau universitaire de santé ne subisse pas d’absence de son personnel au même niveau que lors de la dernière vague, M. Granton a affirmé que lorsqu’il y a plusieurs personnes en congé de maladie, il est possible que les infirmiers doivent s’occuper de patients supplémentaires – ce qui contribue à l’épuisement – ou qu’un plus grand nombre de patients soient transférés dans d’autres unités pour être soignés, ce qui pourrait avoir une incidence sur la capacité de ces unités à effectuer des chirurgies.
« Cela a un effet domino sur d’autres départements qui doivent compenser pour voir à ce que nous puissions nous occuper de ces nouveaux cas, a-t-il affirmé. Cela exerce de la pression alors que vous tentez de faire plus de chirurgies et faire en sorte que des gens reçoivent leur chirurgie cardiaque et leur chirurgie contre le cancer, et maintenant les soins intensifs débordent parce que nous ne disposons pas du nombre de lits suffisants parce qu’il y a des infirmiers en congé de maladie. »