TORONTO (ONTARIO – Dans son examen des dépenses, le gouvernement Ford sort des chiffres de leur contexte pour justifier son plan de compressions massives et de privatisation. Or, ce plan compliquera grandement la vie des travailleurs et de leurs proches et leur coûtera cher, selon le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn.

Dans un rapport publié mardi, le cabinet-conseil en finances Ernst & Young fournit au gouvernement Ford une plateforme pour privatiser les services publics, vendre de précieux actifs publics et imposer à la population des frais d’utilisation sur les services publics dont elle a besoin. Pour justifier ses recommandations, le cabinet s’appuie sur la hausse des dépenses de l’État, sans tenir compte de la hausse correspondante du produit intérieur brut (PIB). En outre, son rapport ne dit rien sur la préoccupante baisse des revenus de l’État qu’entraînent la réduction des impôts des sociétés et la vente mal avisée d’actifs générateurs de revenus comme Hydro One.

« Les décisions financières ne devraient pas s’appuyer sur de demi-vérités, particulièrement quand il est question de la santé et du bien-être de tous les Ontariens », dénonce la secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario, Candace Rennick. « Combien de fois devrons-nous faire la même erreur? La privatisation des services publics entraîne une baisse de la qualité et une hausse des coûts des services pour les travailleurs et leurs proches. Les seuls qui profitent de ces manigances sont ceux qui ont déjà tant d’argent qu’ils ne savent plus quoi en faire. »

« Les Ontariens comptent sur les services publics au quotidien, ajoute M. Hahn. On ne peut pas laisser ce gouvernement saper les services. Il faudrait plutôt s’attaquer à l’éléphant dans la pièce : le problème des revenus de l’État. Après des décennies de baisses d’impôts offertes aux sociétés, nous n’avons plus l’argent nécessaire pour financer adéquatement les services dont nous avons besoin. Les entreprises rentables et les très riches paient une fraction des impôts que le reste d’entre nous doit payer. On ne doit pas couper dans les services, on doit exiger que ces entreprises et ces particuliers recommencent à payer leur juste part. »

M. Hahn pointe un récent exposé signé Corporate Knights et le Toronto Star où on compare les taux d’imposition des particuliers à ceux des sociétés. Selon ce rapport exhaustif de vingt pages, auparavant, particuliers et sociétés payaient une part égale de l’assiette fiscale qui finance les services et les programmes dont nos collectivités ont besoin pour s’épanouir. Aujourd’hui, les particuliers paient 3,5 fois plus d’impôts que les sociétés. Dans la même période, les profits de ces dernières ont grimpé en flèche, tandis que la plupart des particuliers peinent à joindre les deux bouts.

« Certains membres du gouvernement Ford vous diront qu’il faut baisser l’impôt des sociétés pour attirer des emplois, explique Mme Rennick, mais nous disposons de dizaines d’années de données qui prouvent que c’est faux. Même le ministère fédéral des Finances sous Stephen Harper avait conclu que les baisses d’impôt ne stimulaient pas la création d’emploi, alors que les investissements dans des programmes de logement à prix modique et d’infrastructure publique y réussissent. »

« Ford a fait la même chose au niveau municipal, rappelle M. Hahn. Les frères Ford avaient mandaté un cabinet-conseil privé pour effectuer un examen des services de base. Celui-ci avait identifié un déficit monstrueux pour justifier une longue liste de coupures dans les services. Au final, 85 pour cent de ce manque à gagner s’est avéré fictif. Ne nous laissons pas berner, sans quoi notre quotidien va devenir beaucoup plus difficile. »

 

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