À titre de représentants de plus de 55 000 travailleurs de l’éducation de cette province, les décisions du gouvernement nouvellement élu concernant le programme d’études de l’Ontario nous troublent profondément.

Tout d’abord, le gouvernement a annulé les sessions du programme d’études dont l’une consistait à revoir les recommandations formulées par la Commission de vérité et de réconciliation (CVR), tandis que d’autres traitaient de la LSA et des langues autochtones. Le gouvernement a ensuite cancellé le volet d’éducation sexuelle contenu au Curriculum d’éducation physique et santé de 2015, revenant à la version de 1998 qui n’aborde aucunement les questions capitales comme l’identité de genre, l’orientation sexuelle, le consentement et la cyberintimidation.

Bien que nous ne puissions contrôler le chaos que causeront ces dites modifications, comme travailleurs de l’éducation, nous pouvons et nous continuerons de voir à ce que nos écoles soient des environnements d’apprentissage sécuritaires, sains et inclusifs.

Les travailleurs de l’éducation du SCFP de l’Ontario prennent au sérieux leur rôle dans la réalisation du processus de vérité et réconciliation, tel que guidé par ses 94 appels à l’action, particulièrement ceux qui mettent l’accent sur l’éducation en vue de la réconciliation. En coopération avec nos membres autochtones, leurs communautés et nos autres alliés, nous redoublerons d’efforts pour que le gouvernement de l’Ontario adopte toutes les recommandations pertinentes mises de l’avant par la CVR. À cette fin, nous joignons notre voix à celle des personnes qui réclament à ce gouvernement de reprendre les consultations avec les survivants, les Autochtones et les éducateurs afin de concevoir un programme d’études complet et obligatoire à l’intention des élèves de la maternelle à la 12e année, ainsi que des ressources pédagogiques sur l’histoire et les séquelles des écoles résidentielles.

En tant qu’éducateurs de première ligne assistant les élèves sourds et malentendants, nous savons qu’il faut plus de soutien, particulièrement dans les premières années, et nous demandons que se poursuive l’élaboration du programme de la LSA.

Nous nous joignons aux étudiants, aux parents et à nos collègues pour exiger du gouvernement de l’Ontario qu’il reprenne intégralement le Curriculum d’éducation physique et santé de 2015.

Les éducateurs de la petite enfance et les aides-enseignants, travaillant en classe avec les apprenants les plus jeunes et les plus vulnérables, ont pu constater à quel point une éducation sexuelle précise, actualisée et inclusive contribue à la sécurité et à la santé des élèves. Mais, ce ne sont pas que les membres du SCFP, en classe, qui en sont conscients.

C’est aussi le concierge qui se retrouve face à face avec un élève caché dans un coin, tentant d’échapper à un monde qui l’intimide en raison de son identité de genre. C’est la secrétaire, dans son bureau, avec une élève qui souhaite rentrer chez elle parce qu’elle fait l’objet d’une avance sexuelle non voulue. C’est la bibliotechnicienne qui aide un jeune élève à trouver un livre qui reflète sa famille LGBTQ. C’est le technicien en réseau informatique chargé de bloquer les cyber-intimidateurs.

Compte tenu de cette réalité et des mesures prises récemment par le gouvernement, il est impératif que les travailleurs de l’éducation des quatre conseils scolaires de l’Ontario, anglophone, francophone, public et catholique, expriment clairement leur position.

Nous sommes solidaires des conseils scolaires qui ont émis des déclarations soulignant sans équivoque leur engagement inébranlable envers l’équité et l’inclusion dans tous les gestes que nous posons pour soutenir les élèves, y compris nos étudiants LGBTQ. Cela va plus loin qu’une exigence en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario, de la Loi sur l’éducation et des politiques des conseils scolaires, c’est bel et bien une obligation morale. Nous invitons nos autres employeurs, les conseils scolaires qui ne l’ont pas encore fait, à suivre l’exemple.

Nous défendrons tout membre du SCFP, et nous nous tiendrons aux côtés de nos alliés d’autres syndicats de l’éducation, contre toute tentative visant à discipliner nos travailleurs qui veillent à ce que les étudiants obtiennent l’information inclusive, factuelle et adaptée à leur âge pour rester en santé et en sécurité. Tel était le cas en ce qui concerne les élèves de l’année scolaire 2017-2018. C’est ce que cela devrait être pour ceux de l’année scolaire 2018-2019.

Plus important encore, nous défendrons nos élèves. Non seulement une partie du discours entourant le débat sur le programme d’éducation sexuelle est-elle blessante, elle est aussi potentiellement dommageable pour la santé et la sécurité à long terme des étudiants. Horriblement, cela suggère aux élèves LGBTQ que ce qu’ils ressentent quant à leur identité de genre ou à leur orientation sexuelle peut ne pas convenir à leur âge ou même à une discussion en classe. Cela signale aux élèves victimes de cyberintimidation que la douleur qu’ils éprouvent doit attendre. Cela laisse entendre aux élèves victimes de harcèlement et d’abus que de mieux comprendre la question de consentement n’est pas important.

En tant que travailleurs de l’éducation, nous savons que tout cela est faux. Nous savons que l’éducation sexuelle sauve des vies.

Nous serons donc solidaires de nos élèves.

Nous célébrerons et nous affirmerons l’identité de chaque élève LGBTQ. Nous soutiendrons le droit fondamental de consentir de chaque étudiant. Nous épaulerons les élèves victimes d’intimidation, que ce soit en ligne ou dans les couloirs des écoles ou de l’Assemblée législative de l’Ontario.

En ce qui concerne les travailleurs de l’éducation du SCFP, la santé et la sécurité des étudiants, c’est plus qu’une question de travail. C’est une question de devoir. En tant qu’Ontarien, réaliser la promesse de la vérité et de la réconciliation avec les peuples autochtones n’est pas une question de gains d’efficacité, c’est une obligation qu’il nous faut respecter.

Terri Preston,
Présidente, Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario

Fred Hahn,
Président, SCFP-Ontario

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