CORNWALL (ONTARIO) — Récemment, à l’Hôpital communautaire de Cornwall (HCC), le taux d’occupation a atteint 138 pour cent. C’est pourquoi le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) demande à l’État provincial d’y ouvrir au moins 17 lits permanents entièrement subventionnés. Ces lits sont nécessaires pour soulager la pression constante qu’exerce la pénurie de lits, une pénurie mise en lumière par l’afflux récent de patients souffrant de la grippe et d’autres maladies respiratoires.

La situation à l’Hôpital de Cornwall – trop de patients, manque chronique de lits – « n’est pas un cas isolé, assure le président du CSHO, Michael Hurley. Le surpeuplement est la nouvelle norme dans les hôpitaux. Les établissements n’ont aucune marge de manœuvre pour composer avec un pic d’affluence. Tout le personnel, des infirmières aux préposés à l’entretien, travaillent à une cadence effrénée, parce qu’on leur confie trop de patients. »

Plus tôt cet hiver, l’Hôpital confirmait qu’on avait dû reporter le retour de patients à l’HCC à la suite de soins tertiaires à Ottawa en raison du surpeuplement. Et ce, malgré l’ajout de 50 lits.

« Ces lits de plus, le provincial ne les finance pas, explique M. Hurley. Malheureusement, parce qu’il remplit son mandat, c’est-à-dire en admettant des patients et en ajoutant des lits, l’HCC devra procéder à des compressions pour équilibrer son budget. Cela aura un effet délétère sur les soins aux patients. C’est ce cycle que le provincial doit casser en finançant 17 lits permanents à l’Hôpital de Cornwall. »

Puisque le taux d’occupation dépasse largement les 100 pour cent depuis longtemps, chaque jour des dizaines de patients attendent qu’un lit se libère au HCC. Selon M. Hurley, si l’HCC et les autres hôpitaux ontariens vivent de graves problèmes de capacité, c’est à cause de l’obsession du gouvernement libéral pour la réduction du nombre de lits, du nombre d’employés et du financement.

Les statistiques montrent que l’Ontario est la province canadienne affichant le plus bas taux de lits et d’employés hospitaliers. Le budget consacré aux hôpitaux y est inférieur de 25 pour cent par rapport au reste du Canada. On a fermé plus de 18 000 lits en Ontario au fil des dernières décennies, malgré la croissance démographique et le vieillissement de la population. Résultat : à Cornwall comme dans plusieurs autres hôpitaux ontariens, le taux d’occupation donne le vertige. Les hôpitaux fonctionnent tellement longtemps en surcapacité qu’on doit installer des patients dans les salles de bains, les solariums et les couloirs des urgences.

« Tout cela représente des risques pour des patients qui devraient avoir droit à des soins rapides et sûrs, ajoute M. Hurley. On fait courir des risques aux patients, parce que nos hôpitaux n’ont pas assez de lits pour admettre tous ceux et celles qui ont besoin de soins. Nous prions le ministre de la Santé de rétablir immédiatement 17 lits entièrement subventionnés au HCC. »

L’HCC compte environ 170 lits. Avec l’ajout de 17 lits permanents, sa capacité passerait à 187 lits, un nombre suffisant pour absorber les pointes d’affluence que connaît l’Hôpital ces derniers temps.

« En continuant de maintenir notre réseau hospitalier au-dessus d’un taux d’occupation de 100 pour cent, sans marge de manœuvre, poursuit M. Hurley, on va à l’encontre du principe de base de notre système de santé : premièrement, ne pas nuire. Selon les experts, le taux d’occupation devient dangereux au-delà de 85 pour cent. Comment peut-on assurer la sécurité des patients quand ce taux oscille entre 100 et 120 pour cent ? »

Dans son mémoire au gouvernement pour la préparation du budget 2017, l’Association des hôpitaux de l’Ontario (AHO) affirme que les hôpitaux ont réduit leurs budgets de 4,5 milliards de dollars, à la demande du gouvernement. Selon l’Association, le taux d’occupation moyen dépasse les 92 pour cent à l’échelle provinciale. Les études scientifiques établissent un lien entre un taux d’occupation supérieur à 85 pour cent et un risque plus élevé d’infection nosocomiale. Le surpeuplement entraîne aussi des problèmes dans le traitement des admissions urgentes et non urgentes. À l’hôpital de Windsor, qui doit composer depuis longtemps avec un problème de surpeuplement, on a dû annuler des opérations.

Le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario estime qu’il faudrait majorer le budget de la santé de 5,3 pour cent par année pour couvrir les coûts de base, le prix des médicaments et des technologies médicales augmentant plus rapidement que l’inflation.