Le 30 septembre est la Journée du chandail orange qui permet de sensibiliser davantage les gens au sujet du système de pensionnats et de ses conséquences transgénérationnelles traumatisantes sur les Autochtones au Canada. Lors de cette journée, nous réfléchissons à l’héritage laissé par les pensionnats, qui ont été le principal instrument d’une politique de génocide culturel contre les Autochtones instaurée par le gouvernement canadien. Aujourd’hui, nous sommes également conscients des conséquences disproportionnées de la pandémie de la COVID-19 sur les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis et des obstacles qui demeurent à la vérité et réconciliation.

La Journée du chandail orange a été inspirée par l’expérience de Phyllis Jack Webstad, une survivante des pensionnats, à qui on a confisqué un chandail orange qu’elle venait de recevoir dès son premier jour dans un pensionnat. En vertu du système de pensionnats, on forçait les parents autochtones à y envoyer leurs enfants sous peine de poursuites judiciaires. Les langues, traditions, enseignements, pratiques et coutumes autochtones étaient interdits et dénigrés. Les enfants ne voyaient pas les membres de leur famille pendant des mois, voire même des années. Les décès, les maladies, la malnutrition, ainsi que la violence sexuelle et physique étaient fréquents. On estime que plus de 6 000 enfants sont décédés.

Les conséquences de cet abus sont ressenties par les générations qui ont suivi. Des blessures qui ne sont pas encore refermées continuent de hanter le quotidien de nombreux Autochtones à qui on a enseigné à avoir honte de qui ils sont. Les conséquences du traumatisme transgénérationnel sont renforcées par des attitudes racistes qui continuent de s’insinuer dans la société canadienne. Depuis la fermeture du dernier pensionnat en 1996, d’anciens élèves exercent des pressions pour une reconnaissance et une indemnisation, ce qui a entraîné la conclusion de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens en 2007 et des excuses publiques officielles par le gouvernement canadien en 2008. On estime qu’au total, 150 000 enfants des Premières Nations, inuits et métis sont allés dans les pensionnats.

La pandémie de la COVID-19 a servi à exacerber les inégalités structurelles qui sont l’héritage du système de pensionnats et la conséquence du piètre historique global du Canada en matière de protection des droits des Autochtones. Selon Human Rights Watch, attendu que les gouvernements fédéral et provinciaux ont exhorté le lavage des mains et la distanciation sociale comme meilleur moyen de défense du Canada contre le virus, de nombreuses communautés des Premières Nations n’ont pas accès à une eau propre et ne reçoivent pas un financement adéquat pour le logement sur les réserves, ce qui a entraîné un grave problème de surpopulation, rendant la distanciation sociale difficile.

Au Canada, les taux de maladies sous-jacentes des Autochtones, comme le diabète ou la tuberculose (TB) – des maladies associées à la pauvreté ou à l’exclusion – sont élevés. Il se peut que les personnes souffrant de TB et de la COVID-19 aient de moins bons résultats de traitement, particulièrement si le traitement contre la TB est interrompu. Il se peut également que les patients souffrant de diabète soient plus à risque de souffrir d’une maladie grave après avoir contracté la COVID-19.

De nombreux Autochtones sont également victimes de discrimination en ce qui a trait à l’accès aux services de soins de santé. Dans les communautés éloignées du Nord, de nombreux postes infirmiers sont mal équipés et en manque de personnel. Les déplacements vers des centres médicaux coûtent cher et sont difficiles en raison des restrictions actuelles en matière de déplacements. De plus, certaines communautés autochtones n’ont pas accès à l’équipement de protection individuelle (ÉPI) dont elles ont besoin – et cela ne couvre même pas les conséquences sur la santé mentale auxquelles ces communautés seront confrontées à l’avenir.

Le SCFP-Ontario exhorte les gouvernements fédéral et provincial à intensifier leurs efforts et à offrir aux communautés autochtones le soutien dont elles ont besoin au cours de cette pandémie et à abattre tous les obstacles à l’accès aux services de soins de santé. Le SCFP-Ontario exhorte la reconnaissance continue des victimes des pensionnats qui souffrent, ainsi que l’indemnisation de ces victimes. Il exhorte les partenaires du projet des pensionnats, plus particulièrement l’Église catholique, de reconnaître le rôle qu’ils ont joué et de s’excuser, si cela n’a pas déjà été fait. Il exhorte le respect de l’ensemble des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Il demande au gouvernement canadien et à la société canadienne de redoubler d’efforts en vue d’une réconciliation véritable avec les Autochtones.

Les membres du SCFP-Ontario reconnaissent que nous occupons le territoire traditionnel des Autochtones depuis plusieurs générations. Nous comprenons le rôle essentiel que nous devons jouer dans le processus de réconciliation en reconnaissant ces territoires traditionnels au début de toutes les réunions syndicales et en favorisant l’engagement des travailleurs autochtones au sein de notre mouvement.

Le Conseil des Autochtones du SCFP-Ontario promeut et défend les droits de tous les travailleurs autochtones au sein du SCFP – dont certains sont eux-mêmes des survivants du système de pensionnats – et il cherche à sensibiliser davantage nos membres et nos collectivités au sujet des conséquences des pensionnats. Pour en apprendre davantage au sujet du Conseil et de ses activités, allez à https://cupe.on.ca/fr/comites/conseil-des-autochtones/.