Aujourd’hui, nous nous rappelons du révérend Martin Luther King Junior et nous honorons ses enseignements en introduisant la lutte pour la justice raciale et économique dans tout le travail que nous faisons en tant que syndicat. Notre commémoration annuelle de l’héritage du Dr King arrive à un moment décisif de notre histoire. En ce moment, le monde est aux prises avec deux pandémies – pas uniquement la COVID-19, mais aussi un virus qui s’attaque au cœur et à l’esprit : le racisme à l’égard des Noirs.

Avec la récente attaque contre la démocratie américaine qui a échoué et la destitution du président sortant, nous caressons l’espoir d’être enfin témoins du dernier râlement de la suprématie blanche. Toutefois, nous nous préparons en sachant que le racisme et le fascisme honteux réapparaissent souvent dans les pages de l’histoire. Nous revenons maintenant en arrière pour prendre exemple sur la sagesse du révérend King, comme nous l’avons souvent fait, pour des conseils en ces temps incertains et avec un regard neuf sur sa vision radicale qui est si souvent aseptisée, minimisée et banalisée.

Peu de gens maintenant se rappellent que Martin Luther King a lutté seul contre la pauvreté à la fin de sa vie. Les nordistes blancs étaient à l’aise avec le mouvement des droits civiques tant et aussi longtemps qu’il gardait le sud ségrégationniste dans le collimateur. Mais en condamnant l’ancien triple fléau qu’était le racisme, le matérialisme et le militarisme, le Dr King a affirmé que les nordistes devaient confronter leur propre hypocrisie raciale. Pour cela, il a subi la même violence raciste dans le nord, violence à laquelle il était habitué dans le sud. Dans le cadre d’un rassemblement à Chicago, on lui a lancé des briques et il a été poignardé; il a plus tard affirmé qu’il n’avait jamais eu aussi peur de sa vie.

Tout comme l’a fait le Dr King en mettant en lumière le dossier du nord, notre dossier à nous doit aussi être mis en lumière. Nous nous sommes faussement consolés avec l’illusion que le Canada est un exemple d’intégration, ce qu’il n’est pas. On s’est opposé à la responsabilisation politique des Noirs ici et là également. Et bien que la marginalisation économique et sociale des Noirs ait toujours été mortelle, ses risques mortels ont pris une nouvelle dimension avec la pandémie de la COVID-19, avec laquelle les personnes racisées souffrent et meurent de façon extrêmement disproportionnée par rapport au reste du pays.

La violence acharnée de la suprématie blanche a connu son point culminant avec l’assassinat du Dr King à Memphis, où il avait passé les derniers jours de sa vie à manifester sa solidarité à l’égard des éboueurs en grève, ce qui rappelle les membres du SCFP. Ils ont proclamé « Je suis un homme » au mépris des lois qui ont tué deux de leurs camarades – écrasés alors qu’ils tentaient de se mettre à l’abri de la pluie dans leur camion à ordures. On leur interdisait de se mettre à l’abri dans les rues de quartiers blancs où ils étaient traités comme les ordures qu’ils ramassaient.

Nous ne pouvons pas affirmer qu’il y a eu dédommagement pour le racisme déchirant de l’époque de Martin Luther King. Les insurgés actuels du Capitole mènent le même combat que les ségrégationnistes des années 1960 et que les sécessionistes de la guerre de Sécession. Ils sont tous des têtes de la même bête qui s’est avérée impossible à éliminer.

Par conséquent, en ce Jour de Martin Luther King Junior de 2021, le SCFP-Ontario s’engage face à une mobilisation et à une action renouvelées. Nous promettons d’insuffler un nouveau dynamisme dans les principes en vertu desquels le Dr King et d’autres se sont organisés. Nous organiserons la meilleure contestation de notre génération contre les virus du racisme, de l’inégalité et de la guerre. Et bien que nous ne soyons pas naïfs face à la nature chronique de ces fléaux, nous ne sommes pas non plus découragés face à notre foi que l’arc moral de l’univers penche du côté de la justice.