1er février 2019

PAR COURRIEL À [email protected]
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Ayatollah Sayed Ali Khamenei, dirigeant de la République islamique
Hassan Rouhani, président de la République islamique d’Iran

Objet : Inquiétude pour les militants et les dirigeants syndicaux en Iran

Messieurs,

Au nom du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et du SCFP-Ontario, nous souhaitons vous faire part de notre profonde inquiétude et de notre ferme condamnation des récents événements ciblant les militants et les dirigeants syndicaux en Iran. En tant que plus important syndicat au Canada, avec 680 000 travailleurs aux quatre coins du Canada, dont 270 000 en Ontario, nous avons une tradition bien ancrée d’établissement de la solidarité entre travailleurs dans plusieurs pays, y compris en Iran. Récemment, le SCFP a appuyé la résolution d’urgence de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui demandait la libération immédiate et sans condition d’Esmail Bakhshi et d’Ali Nejati, ainsi que d’autres travailleurs et étudiants emprisonnés en Iran.

Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian ont été arrêtés le 18 novembre 2018 au cours de la grève des travailleurs de la canne à sucre. Nous avons été soulagés d’apprendre leur libération sous caution en décembre 2018. Nous avons cependant été profondément troublés par leurs déchirants récits de torture aux mains de policiers et d’agents du ministère du Renseignement dans les villes de Suse et d’Ahvaz. Leur sécurité nous inquiète maintenant après que nous ayons appris qu’ils ont été arrêtés de nouveau le 20 janvier 2019.

Nous avons des raisons de croire que ces militants ont été détenus à nouveau parce qu’ils ont choisi de parler publiquement de la torture dont ils ont été victimes alors qu’ils étaient en détention. Il y a eu des efforts pour discréditer leurs récits lorsqu’un faux témoignage a été diffusé sur la station de télévision dirigée par l’État, « Seda Va Sima », la veille de leur réarrestation. On estime d’une manière générale que ces « confessions » ont été obtenues sous menace, coups et torture. Amnistie Internationale le confirme dans un récent communiqué de presse et rapporte que ces détenus ont été forcés de « confesser » d’avoir agi de connivence avec des groupes marxistes et communistes de l’extérieur de l’Iran pour orchestrer le renversement du système politique en organisant des grèves et des manifestations par des travailleurs.

Nous sommes grandement préoccupés par la sécurité et la liberté des membres du Syndicat des travailleurs de la régie des bus de Téhéran et particulièrement de nos collègues Reza Shahabi et Hassan Saeidi qui ont été ciblés dans ce soi-disant documentaire comme faisant partie du ‘coup manqué’ derrière les moyens de pression.

Le SCFP soutient les luttes des travailleurs en Iran pour le droit d’association et contre la privatisation, la corruption et les salaires impayés tout en demandant que l’on mette fin aux sanctions économiques contre l’Iran par le gouvernement américain. Dépeindre les travailleurs et les dirigeants syndicaux comme étant des menaces pour la sécurité nationale et criminaliser la communication publique et la solidarité internationale entre travailleurs de différentes parties du monde constituent des violations des droits des travailleurs et des droits de la personne reconnus internationalement.

Le SCFP demande au gouvernement iranien de prendre des mesures concrètes et urgentes pour :

1. libérer immédiatement et sans condition Esmail Bakhshi, Ali Nejati, Sepideh Gholian et d’autres travailleurs, enseignants et étudiants emprisonnés en Iran;

2. mettre fin à la persécution dont sont victimes des travailleurs et des militants syndicaux en Iran, dont, entre autres, des membres du Syndicat des travailleurs de la régie des bus de Téhéran et de sa banlieue, du syndicat de la Haft Tapeh Sugar Cane Company, du Syndicat des enseignants iraniens, des métallurgistes d’Ahvaz, et mettre fin aux poursuites contre eux;

3. mettre fin au harcèlement et aux mauvais traitements à l’égard des militants syndicaux et sociaux emprisonnés, et aux confessions forcées des prisonniers politiques. Toutes les confessions forcées doivent être considérées comme étant nulles et non avenues;

4. tenir une enquête publique, à laquelle participeraient des avocats indépendants et des défenseurs des droits des travailleurs et des droits de la personne, afin d’enquêter de façon indépendante et transparente les allégations de torture et de mauvais traitements subis par les militants syndicaux emprisonnés et par d’autres prisonniers politiques, et afin de punir les auteurs des violations des droits de la personne en conséquence;

5. respecter et le droit d’association et de grève des travailleurs des secteurs public et privé prévu dans les normes internationales du travail précisées dans les conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du Travail.

Nous vous prions d’accepter, messieurs, l’expression de nos sentiments distingués.

 

Le président national du SCFP,                               Le président du SCFP-Ontario,

 

 

 

 

MARK HANCOCK                                                    FRED HAHN

:sg/sepb 491

cc: Organisation judiciaire de la République islamique d’Iran – Haut-Commissariat aux droits de la personne

Mission permanente de la République islamique d’Iran auprès de l’Organisation des Nations Unies

L’honorable Hélène Laverdière, députée fédérale, porte-parole néodémocrate aux affaires étrangères

Syndicat des travailleurs de la régie des bus de Téhéran et de sa banlieue

Internationale des services publics (ISP)

Congrès du travail du Canada (CTC)

Farid Partovi et Zulema Young, coprésidents du Comité de la solidarité internationale du SCFP-Ontario