Page en regard de l’éditorial de Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, qui a été publiée pour la première fois le 13 avril, dans le Hamilton Spectator

Les députés provinciaux de l’Ontario retournent à l’Assemblée législative le 14 avril. Nous avons entendu beaucoup de choses de la part du gouvernement dernièrement. Nous sommes en pleine crise mondiale et nos dirigeants élus devraient être plus actifs que jamais. Mais ils ont laissé quelques voix très importantes en dehors de la discussion : celle des travailleurs de première ligne.

La COVID-19 a changé notre monde. De façon dramatique et rapide. Personne n’en est plus conscient que les travailleurs sur les lignes de front – dans les hôpitaux, les établissements de soins de longue durée, la santé publique, les usines municipales de traitement des eaux usées, les refuges pour sans-abris, les centres d’intégration communautaire et de nombreux autres services.

Mais au lieu de les écouter, le gouvernement de Doug Ford a réduit leurs voix au silence et a omis de les consulter véritablement. Il y a quelques semaines, le gouvernement s’est servi de son pouvoir considérable en situation d’urgence pour donner des directives, dérogeant temporairement à des parties des conventions collectives des travailleurs du secteur hospitalier.

Des directives temporaires similaires ont suivi : pour les travailleurs des soins de longue durée, les travailleurs des usines de traitement des eaux usées, les travailleurs de la santé publique et, maintenant, les travailleurs des services aux personnes atteintes d’un handicap de développement – le secteur d’où je viens – qui offrent du soutien aux Ontariens souffrant de déficiences intellectuelles.

En tant que président du SCFP-Ontario, qui représente fièrement 280 000 travailleurs, j’ai entendu de la bouche des travailleurs de première ligne ce que cela signifie. Les conventions collectives offrent des mécanismes permettant aux travailleurs de soulever des problèmes, dont ceux concernant l’offre de services essentiels dont dépendent les Ontariens et l’accessibilité à ces services. Les travailleurs de première ligne du secteur public comprennent que nos conditions de travail sont également les conditions en vertu desquelles les Ontariens reçoivent des services publics.

Pendant des années, nous avons établi une corrélation entre les deux, demandant un meilleur financement pour assurer des services de grande qualité offerts par le secteur public. Nous avons soulevé des problèmes concernant les bas salaires et le travail précaire qui obligent les travailleurs à occuper deux ou trois emplois afin de gagner leur vie. Nous avons exercé des pressions sur des gouvernements successifs pour une plus grande capacité d’hospitalisation, une norme de soins imposée par la loi dans les soins de longue durée et des règlements pour garantir nos services publics les plus essentiels, comme l’eau potable. Déroger aux conventions collectives, c’est simplement réduire les travailleurs de première ligne au silence.

Des directives d’urgence comme celles-là sont supposées être temporaires. Mais il y a de plus en plus de signes que la province ne le voit pas de la même façon et qu’il étendra ce genre de directives, avec ou sans nouvelle loi.

Et ce serait une erreur.

Pendant trop longtemps, les voix des travailleurs de première ligne et leurs demandes pour de meilleurs services publics ont été ignorées par le gouvernement et nos employeurs.

La dernière chose que nous pouvons nous permettre est que le gouvernement continue d’ignorer ces voix. Que ce soit sur la question de l’équipement de protection individuelle ou de la dotation en personnel, les processus en milieu de travail pour faire face à des infections possibles ou la continuité des services essentiels, leurs connaissances pratiques nous permettront de nous en sortir, ensemble, unis en tant qu’Ontariens.

La meilleure façon d’y parvenir c’est en écoutant vraiment ces travailleurs, en communiquant ouvertement avec les syndicats qui les représentent et en s’engageant dans un processus pour voir à ce que ces opinions soient entendues par les décideurs chargés de nous diriger pendant cette crise.

Nos conventions collectives actuelles offrent une multitude de façons pour faire justement cela et, en tant que syndicat dévoué à la santé et à la sécurité de tous les Ontariens, nous sommes prêts à explorer toutes les avenues de la consultation et de la communication avec le gouvernement afin d’améliorer ce processus.

Maintenant que les députés provinciaux retournent à Queen’s Park, ils doivent vraiment écouter les travailleurs de première ligne. Nos dirigeants élus doivent refuser de déroger aux conventions collectives et ils doivent respectueusement consulter les travailleurs au lieu d’imposer unilatéralement des changements importants à leurs conditions de travail et à l’offre de services.