Les politiciens comparent souvent les budgets des ménages et les budgets gouvernementaux. D’un côté ils nous disent que les deux doivent équilibrer les revenus et les dépenses. Mais il y a une différence importante entre eux. Pour un ménage en crise, réduire les dépenses et économiser de l’argent est habituellement une réponse clé. Mais pour un gouvernement qui représente de nombreuses personnes et collectivités ayant différents défis, la meilleure réponse en temps de crise c’est plus de dépenses – plus d’investissements dans les services publics dont nous dépendons.

Au cours de la pandémie de la COVID-19, nous avons vu les conservateurs de Doug Ford faire habilement des tours de passe-passe. Lors de ses points de presse quotidiens, Doug Ford a fait croire à de nombreuses personnes qu’il prenait des mesures pour assurer la santé des Ontariens et soutenir les nombreux résidents qui ont été touchés sur le plan économique. Et il a convaincu bon nombre d’entre nous que ces mesures incluent un financement important – des dépenses par le gouvernement conservateur – pour les soutiens dont nous avons besoin.

Mais la réalité est très différente.

Premièrement, les dépenses qui aident les Ontariens ne proviennent pas des conservateurs de Doug Ford, alors que le Bureau de la responsabilité financière (BRF) de la province a récemment rapporté que 97 pour cent de toutes les dépenses gouvernementales en Ontario sont en fait de l’argent qui provient du fédéral.

La semaine dernière, le ministère des Finances de l’Ontario a tenu des consultations budgétaires et, comme d’habitude, il a invité des organisations comme la nôtre à soumettre des mémoires écrits et il leur a permis de faire des présentations. Mais contrairement aux consultations budgétaires précédentes, nous devions nous limiter strictement à 500 mots. Et les présentateurs avaient seulement trois minutes sur Zoom pour présenter leur point de vue, ce qui est loin d’être suffisant en termes de temps et d’espace étant donné nos défis immenses.

En tant que président d’un syndicat du secteur public représentant 280 000 membres travaillant dans les soins de santé, les municipalités, les conseils scolaires, les services sociaux et l’enseignement postsecondaire, il y a une chose dont je suis certain : les dépenses sauvent des vies. Chaque gouvernement devrait prendre ce fait à cœur et voir à le respecter, particulièrement en temps de crise. Mais au lieu de cela, les conservateurs de Doug Ford restent assis sur 9,3 milliards de dollars de ressources collectives non dépensées – de l’argent que nous pourrions utiliser pour assurer notre sécurité.

De plus, alors que des entreprises profitent plus que jamais de la pandémie, le BRF rapporte que les réductions des impôts frappant les sociétés ont réduit nos revenus d’un montant astronomique de 6,6 milliards de dollars.

C’est inacceptable. Au lieu de réduire les revenus, il est temps pour le gouvernement provincial d’augmenter les impôts de ceux qui peuvent très bien se permettre de payer leur juste part : les sociétés rentables et les plus riches de nos collectivités.

L’approche du statu quo nous tue littéralement. Le nombre quotidien de personnes atteintes de la COVID-19 a explosé mais, toutefois, la capacité à effectuer des tests de dépistage n’a pas réussi à rattraper le retard. Nos écoles ne réussissent pas à assurer la distanciation sociale nécessaire pour empêcher la transmission d’une famille à une autre. L’Association des hôpitaux de l’Ontario a prévenu que la capacité d’hospitalisation pourrait facilement être bouleversée si les taux d’infection ne sont pas réduits. Le nombre d’éclosions ne cesse d’augmenter dans les établissements de soins de longue durée, les garderies et autres institutions desservant les populations vulnérables. La pandémie affecte de façon disproportionnée les communautés racisées, les femmes, les immigrants et les résidents à faible revenu. Et la plus grande ville de la province n’effectue pas entièrement la recherche des contacts parce qu’elle n’a tout simplement pas les ressources pour le faire.

Le système d’économies de bout de chandelle, d’austérité, de bas impôt sur le revenu des sociétés et des plus riches a échoué. Nous avons besoin d’un financement robuste et nous devons l’utiliser pour consolider de façon urgente les services publics nécessaires dès maintenant. Ce gouvernement doit changer de cap dès aujourd’hui.

Cela signifie renverser les coupures dans nos services publics introduites précédemment par les conservateurs de Doug Ford, qui nous ont affaiblis alors que nous nous dirigions vers cette crise. Cela signifie augmenter le financement pour soutenir une norme minimale de soins dans les foyers de soins de longue durée de quatre heures par jour par résident. Cela signifie enfin aborder la prédominance des bas salaires et des emplois précaires dans les soins de longue durée, les services de garde, les soins à domicile, les services aux personnes atteintes d’un handicap de développement et les refuges, en rendant obligatoires le travail à temps plein et les subventions pour les augmentations de salaire universelles pour toutes les personnes gagnant moins de 20 $ de l’heure dans ces milieux. Cela signifie rendre les investissements pour 2020-2021 dans les conseils scolaires permanents et les compléter avec des ressources additionnelles afin d’assurer la sécurité de nos enfants et des travailleurs de l’éducation. Cela signifie augmenter le financement universitaire afin de couvrir une réduction de 10 pour cent des frais de scolarité et de combler les fossés additionnels. Cela signifie offrir un financement additionnel aux municipalités pour voir à ce qu’aucune ville ou municipalité doive couper dans les services publics dont dépendent les gens. Cela signifie déclarer que la lutte contre le racisme à l’égard des Noirs est une crise de santé publique et assurer un financement direct pour lutter contre ce racisme. Et cela signifie choisir les gens plutôt que les profits et ordonner à l’industrie privée de produire les masques N95 dont les travailleurs de première ligne ont besoin.

Je pourrais continuer encore et encore. Notre liste de recommandations est longue, mais c’est parce que la liste de ce dont nos collectivités ont désespérément besoin, et les exemples d’inaction des conservateurs de Doug Ford, est longue également.

Nous sommes déjà profondément dans la deuxième vague. Et maintenant le gouvernement a une deuxième chance de bien faire les choses.

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