Aujourd’hui, nous célébrons le Jour de l’émancipation qui souligne l’abolition légale de l’esclavage au Canada le 1er août 1834. Ordinairement, nous soulignerions le Jour de l’émancipation dans le cadre du Carnaval, qui se veut une célébration de la culture antillaise et un symbole de résistance contre l’oppression. Mais même si nous devons respecter la distanciation sociale cette année, le Jour de l’émancipation est d’autant plus bouleversant étant donné les conséquences disproportionnées de la COVID-19 sur la communauté noire et le mouvement mondial pour réaffirmer que la vie des noirs est importante (Black Lives Matter).

La réalité historique de l’esclavage au Canada est souvent oubliée ou minimisée. Le Jour de l’émancipation est une occasion de se rappeler les racines profondes du racisme d’un système qui continue d’opprimer les Noirs. Contrairement aux affirmations à l’effet que le bilan du Canada est meilleur que celui des États-Unis, nous nous rappelons, lors du Jour de l’émancipation, que le racisme au Canada est systémique, institutionnel et profondément ancré dans la société.

Les interventions policières excessives et la violence policière à l’égard des Noirs sont répandues dans notre province et notre pays. La Commission ontarienne des droits de la personne a conclu qu’à Toronto, une personne noire a presque 20 fois plus de chances d’être victime d’une fusillade mortelle par les forces de l’ordre. Les policiers continuent d’avoir une grande liberté pour ficher les personnes noires pendant qu’ils enquêtent sur des crimes ou lors de contrôles routiers – à ce jour, il n’y a aucune interdiction fédérale de faire du profilage racial. Les Noirs continuent d’être surreprésentés dans notre système carcéral et sous-représentés dans la vie économique, sociale et politique.

Ce bilan honteux de racisme n’a fait que s’aggraver avec les conservateurs de Doug Ford qui ont coupé quatre sous-comités de la Direction générale de l’action contre le racisme, arrêté les plans pour améliorer la supervision des policiers de l’Ontario et échoué à recueillir des données fondées sur la race pendant la pandémie malgré les conséquences manifestement disproportionnées de la COVID-19 sur les communautés noires.

Le SCFP-Ontario s’est joint à de nombreuses personnes qui demandent que le gouvernement de l’Ontario déclare le racisme à l’égard des Noirs comme étant une crise de santé publique. Nous devons nommer ce qui arrive aux Noirs lorsqu’on parle de maintien de l’ordre, de discrimination au travail et plus comme étant une crise de santé publique qui nécessite une action urgence et exhaustive.

Nos prochaines étapes pour éradiquer le racisme à l’égard des Noirs doivent être de reconnaître que c’est aussi courant ici au Canada que dans d’autres pays. Comme lorsque le policier de Minneapolis Derek Chauvin a simplement assassiné George Floyd alors que ses supplications ont été ignorées, les policiers de Toronto sont entrés dans la maison d’une femme de 29 ans, Regis Korchinski-Paquet, une Afro-autochtone, entraînant sa chute de 24 étages, et un policier du service de police régional de Peel a abattu D’Andre Campbell, un homme de 26 ans, en avril dernier.

Le SCFP-Ontario partage le deuil collectif et la rage ressentie dans l’ensemble des communautés noires à la suite de ces injustices continues. Le Jour de l’émancipation est une occasion de reconnaître le racisme à l’égard des Noirs et l’héritage dévastateur de l’esclavage et de la colonisation au Canada et de continuer à travailler pour la réconciliation et les réparations. En tant que syndicat représentant plus de 280 000 travailleurs partout en Ontario, nous sommes ici pour défier le statu quo et faire entendre haut et fort les voix des travailleurs, particulièrement ceux qui sont le plus souvent marginalisés, alors que nous luttons contre le racisme à l’égard des Noirs partout.

Nous vous prions d’accepter nos sentiments de solidarité.

Fred Hahn
Président

Candace Rennick
Secrétaire-trésorière